dimanche 28 août 2005

FSSPX-Rome: accord ou pas accord?

C'est le sujet brûlant de la rentrée. C'est la question dont tout le monde parle en cette fin août. Internet crépite, les gazettes s'excitent, des milliers de personnes sont en transe. Non, chers amis, il ne s'agit pas des risques de scission au PS pronostiqués par Rocard, souhaités par Kouchner, de la zizanie chez les Verts qui comptent déjà six candidats à la prochaine présidentielle (qui dit mieux!), ni du verre de l'amitié bu par la triade des horreurs, José, Besancenot et Buffet à l'université d'été de la LCR, ni de la confirmation à Bordeaux de la cinquième candidature élyséenne de Jean-Marie Le Pen à septante-neuf printemps (quelle santé, chapeau l'artiste!), non, chers liseurs du FC, il s'agit de la rencontre le 29 août entre Mgr Fellay et Benoît XVI.

Puisque tout le monde y va de son grain de sel, Petrus se fait une joie et un devoir d'apporter sa modeste contribution.

D'abord, y aura-t-il accord? That is the question. Si cela ne tenait qu'à Mgr Fellay et à ses principaux collaborateurs (les abbés Sélégny, Baudot, Schmidberger), sans aucun doute, il se ferait. Certes pas à n'importe quelle condition. Mais contre la levée des excommunications, une libéralisation de la messe tridentine et la mise en place d'une administration apostolique pour la FSSPX qui lui permettrait d'échapper à l'Ordinaire, tout laisse à penser que le supérieur général de la Fraternité apposerait sa signature au bas d'un protocole d'accord.

Par ailleurs, qui ne voit que ce serait pour lui une façon de rebondir après sa gestion très critiquée de la crise laguériste et des départs toujours plus nombreux (bien que encore numériquement limités) de cette société sacerdotale? Alors même que son mandat de douze ans expire au plus tard en juillet 2006, Mgr Fellay apparaîtrait comme l'homme qui a régularisé canoniquement la situation de la FSSPX, trente ans exactement après la suppression administrative de cet institut le 6 mai 1975 et vingt-neuf ans après la suspens a divinis de Mgr Lefebvre par Paul VI. Au bout d'une génération de conflit, ce serait les grands retrouvailles entre la Rome post-Vatican II et l'organisation fondée par le prélat d'Ecône.

Ajoutons que la grande majorité des fidèles de la FSSPX, au moins en France (à l'étranger, cela semble moins vrai) souhaitent un accord avec Benoît XVI. Il faut dire que les publications officielles de la FSSPX, et notamment celles du district de France, se sont montrées jusque-là globalement favorables au successeur de Jean-Paul II.

Par conséquent, si un accord était finalement conclu, le plus probable est que la grande majorité des prêtres, et plus encore des fidèles, suivraient. D'ailleurs, de plus en plus de soutiens de la FSSPX n'hésitent pas à fréquenter occasionnellement des lieux de culte ecclésiadéistes quand cela les arrange, (tendance nettement renforcée depuis la crise de l'automne 2004) ce qui s'explique aisément dès lors que l'on considère comme eux que le combat est seulement ou d'abord celui de la messe.
Tous ces éléments plaident objectivement pour un accord.

Et pourtant, nous ne serions pas prêt à parier une villa sur la Côte d'Azur que l'accord se fera. Car il existe des obstacles qu'il ne faut pas se cacher ni minorer. Sont-ils de nature doctrinale? On nous le fera croire en cas d'échec des négociations mais il ne faut pas prendre pour argent comptant ces justifications a priori. En effet, si la FSSPX considérait comme absolument impossible tout accord avec des partisans résolus de Vatican II et de ses enseignements, elle ne nourrirait aucun espoir en Benoît XVI qui, il y a encore quelques jours à Cologne, s'est inscrit dans la parfaite fidélité à Jean-Paul II dans sa volonté oecuménique avec les protestants et son dialogue interreligieux avec les juifs (visités et honorés en premier, ce qui n'est pas un hasard) et les musulmans.

Non, vous pouvez en être convaincu, chers liseurs, s'il n'y a pas d'accord, c'est que Mgr Fellay, craignant une scission de l'aile droite de la FSSPX et la rébellion d'un ou plusieurs évêques, préférera sauvegarder l'unité de la structure à l'accord avec le Vatican. Plutôt le statu-quo juridique que l'éclatement de la Fraternité! C'est d'ailleurs, à mon sens, cette obsession de l'unité, de la survie, du maintien, de l'homogénéité (au moins de façade) de la FSSPX, confondue de fait avec l'Eglise, qui explique l'échec de toutes les tentatives d'accord depuis trente ans. C'était déjà vrai du temps de Mgr Lefebvre, cela reste vrai aujourd'hui. La FSSPX s'est mise dans une telle situation qu'elle ne peut ni glisser à droite vers le sédévacantisme ni se déporter sur la gauche vers le ralliement (même pudiquement déguisé en simple régularisation canonique) sans exploser en plein vol.

Mgr Fellay le sait. Il sait que, s'il y a accord, il y aura des pertes. Il y est prêt si elles sont minimes. Mais si la contestation gagne une minorité non négligeable des clercs et s'étend même, ne fût-ce qu'à un seul des trois autres évêques, on peut douter que l'accord avec Rome se fasse.

Car, pour qui connaît la FSSPX, l'on sait bien que les prêtres qui la composent ne sont à peu près d'accord sur rien, sauf sur le culte, légèrement infantile, voué au fondateur. Par exemple, je connais un prêtre, l'abbé Basilio Méramo, qui est prêtre de la FSSPX, actuellement en poste au Mexique, d'ailleurs très sympathique, tout en étant sédévacantiste complet. Il ne cachait pas que pour lui Jean-Paul II était l'Antichrist et il est évidemment non una cum au canon de la messe. A l'autre extrémité, l'abbé Didier Bonneterre, actuellement en poste à Paris à la chapelle Sainte-Germaine, ne pouvait s'empêcher dans la plupart de ses sermons dominicaux de dire tout le bien qu'il pensait de Jean-Paul II et de la nécessité d'être uni au pape. Le seul point commun entre les deux? Le culte qu'ils vouent à Mgr Lefebvre considéré par eux comme un saint. Et en effet comme le fondateur de la FSSPX a dit à peu près tout et son contraire, successivement mais aussi simultanément, selon les lieux et les publics, selon qu'il parlait à des journalistes ou à des fidèles, selon qu'il parlait à des "durs" ou à des libéraux, selon l'évolution de ses rapports avec Rome, selon l'intérêt de la structure FSSPX, les deux prêtres peuvent chacun à bon droit se réclamer de l'héritage moral, doctrinal et spirituel de l'archevêque qui les a fait prêtres pour l'éternité.

Bref, tout cela pour dire qu'il y a, pour faire simple, trois tendances au sein de la FSSPX :

-l'aile ouvertement favorable aux accords et au fond très proche des milieux ecclesiadéistes. C'était le cas de la quasi-totalité des laguéristes quand ils étaient encore au sein de la Fraternité. C'est, semble-t-il, le cas de Mgr Fellay et de ses adjoints et des principaux responsables du district de France.
_l'aile indifférentiste qui suivra sans états d'âme la décision finale, quelle qu'elle soit. C'est la grande majorité des troupes cléricales formées à l'obéissance et qui ne s'imaginent pas ailleurs qu'à la FSSPX, qu'elle soit ralliée ou non à Rome.
_l'aile hostile voire très hostile aux accords. Il y a bien sûr les dominicains d'Avrillé mais qui, il est vrai, ne sont pas membres de la FSSPX tout en s'inscrivant résolument dans la mouvance lefebvriste et en cherchant leurs ordinations auprès des évêques de la Fraternité. Dès l'avènement de Benoît XVI, ils ont publié deux plaquettes très hostiles au nouvel occupant du siège de Pierre et l'on imagine mal les voir accepter un accord qui contredirait presque quinze ans de combat dans leur revue doctrinale Le Sel de la Terre. Si accord il y a, ils seront selon toute vraisemblance à la tête de la résistance. Il y a aussi un certain nombre de prêtres qui ne suivront probablement pas. C'est à coup sûr le cas d'un abbé Vignalou, d'un abbé Meramo et de tous les crypto-sédévacantistes de la FSSPX.

Que fera un abbé Beaublat, un abbé Pivert? Difficile de choisir entre leur conviction profonde et leur fidélité à la structure FSSPX?

C'est là que la question des évêques devient déterminante : si un seul évêque résiste, l'on peut être sûr qu'il sera suivi par au moins quelques dizaines de prêtres sur les quelque 460 que compte officiellement la Fraternité. En revanche, si aucun n'ose se rébeller, on peut douter que les résistances ecclésiastiques soient nombreuses. D'autant que, et je dis cela sans mépris, l'aspect matériel compte. Lorsque l'on jouit du confort d'un prieuré, d'une voiture, du remboursement de l'essence au kilomètre, lorsque l'on est dans une oeuvre connue, étendue dans le monde entier et relativement prospère, il faut une sacrée dose de courage pour la quitter et aller dans la nature. D'autant que la quasi-totalité des chapelles appartient aujourd'hui à la FSSPX. Donc un prêtre qui quitte l'oeuvre se retrouve sans rien. S'il n'a pas une fortune personnelle, s'il ne peut pas compter sur le soutien de riches et dévoués bienfaiteurs, la situation peut être extrêmement difficile.

Si un évêque devait résister à un accord, beaucoup pensent que ce serait Mgr Williamson. C'est d'ailleurs ce que sous-entendent les gazettes et autres dépêches d'agence. Il est à peu près certain en effet que si résistance il devait y avoir, ce n'est sûrement pas de Mgr Tissier ou de Mgr de Galaretta qu'elle viendrait. Ils n'en ont ni le profil, ni le caractère ni l'envergure.

Cependant je ne parierai pas très cher sur la rébellion de Mgr Williamson. Il est homme à faire des déclarations tonitruantes, et généralement alambiquées (ce que ne suffit pas à expliquer sa nationalité britannique!) et puis rien ne se passe. La montagne accouche d'une souris. On l'a bien vu dans l'affaire laguériste où, après un sermon à Saint-Nicolas très virulent contre Mgr Fellay (jamais cité), il est complètement rentré dans le rang. Au moins extérieurement. Décevant ainsi les laguéristes après s'être discrédité auprès des fellaysiens.

J'ajoute que s'il devait être le chef de file de la résistance, sa crédibilité serait très entamée auprès des "durs" qui, pour la plupart, ont été à la pointe contre les laguéro-tanoüarniens et contre les positions sur la gnose des abbés Célier et de Tanoüarn. C'est notoirement le cas des milieux gravitant autour de la revue Sous la Bannière d'Adrien Loubier, de CSI de Louis-Hubert Rémy, de DPF de Jean Auguy et de La Politique de Philippe Ploncard d'Assac, même si la vérité oblige à dire, s'agissant de ces deux derniers, qu'ils ne sont pas par principes hostiles à un accord avec Benoît XVI.

En toutes hypothèses, la FSSPX est actuellement très fragilisée et, quel que soit le choix que fasse in fine son supérieur général, elle est dans une mauvaise posture. Soit elle ne signe pas l'accord proposé par Benoît XVI, auquel cas beaucoup de ses fidèles ne comprendront pas et rejoindront les milieux Ecclesia Dei, d'autant plus nombreux si la messe tridentine est "libérée". De même, les prêtres qui souffrent de moins en moins l'ambiance interne, en effet irrespirable, et qui ne sont pas fondamentalement hostiles à une régularisation canonique, profiteront peu à peu des solutions offertes par Rome. Ce ne sera peut-être pas une grosse hémorragie mais du goutte-à-goutte qui interdira toute expansion de la FSSPX. Laquelle déclinera irrémédiablement, même si elle subsistera comme structure pyramidale et autocentrée fonctionnant alors de plus comme une petite Eglise sans pour autant s'orienter vers le sédévacantisme.

Soit au contraire la FSSPX se rallie, et c'est toute une aile qui la quitttera. Minoritaire très certainement mais bruyante. Elle criera à la trahison du combat de Mgr Lefebvre comme si le prélat d'Ecône n'avait pas lui-même signé un protocole d'accord avec le cardinal Ratzinger le 5 mai 1988, dix-huit mois seulement après Assise et deux ans après la réception par Jean-Paul II sur le front du signe du Tilak.

Dans tous les cas, nous sommes à la veille d'un véritable carnage spirituel. Les familles vont à nouveau se diviser, s'invectiver comme au moment des sacres, comme au moment de la crise laguériste. Les accusations de traîtrise et de libéralisme d'un côté, d'intégrisme et de schisme de l'autre vont réapparaître. Des gens dégoûtés abandonneront tout. Les amis d'hier deviendront les ennemis de demain. L'atomisation et la neutralisation du courant traditionaliste est en voie d'achèvement. L'éclipse de l'Eglise est désormais totale. Nous sommes au Samedi Saint de l'Eglise militante.

Tout est humainement désespéré.

Petrus.

vendredi 26 août 2005

Apologie de Mgr Lefebvre

Bien sûr, Victor. Il y a même des textes faisant le panégyrique du nouvel Athanase du XXe siècle. 

Jugez plutôt ces deux textes d'un clerc de la FSSPX: 

Texte A : accord avec Benoît XVI. 
  
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. 

Mes biens chers frères. 

Gaudete in Domino : Réjouissez-vous dans le Seigneur. Oui, mes biens chers frères, jamais sans doute cette adresse de l'Apôtre Paul aux Philippiens n'a été aussi vraie qu'aujourd'hui. A n'en pas douter, nous vivons de grands jours. Une immense joie nous étreint. Une infinie reconnaissance aussi. La Tradition enfin reconnue par Rome, mes frères. La Tradition rétablie dans ses droits sans concession, sans faux-semblants, sans repentance. La messe traditionnelle hier outragée, piétinée, abusivement interdite, aujourd'hui libérée, aujourd'hui glorifiée. Le missel de saint Pie V enfin autorisé , mieux réhabilité, remis en honneur pour tous les prêtres catholiques qui souhaitent célébrer selon la messe de toujours, celle qui a sanctifié des générations entières, celle des saints, des apôtres, des martyrs, des confesseurs de la foi. 

Mais ce n'est pas tout, mes frères, le combat que nous menons depuis plus de trente ans est enfin reconnu. Les injustes excommunications qui freinaient notre apostolat, handicapaient nos missions sont levées sans aucune rétractation de notre part. Ah, chers amis, comme nous sommes heureux de nous retrouver cum Petro et sub Petro, dans la pleine et entière communion avec notre vénéré pape Benoît XVI. 

Dès son élection, un immense vent d'espérance s'était levé sur l'Eglise. Nous n'avons pas été déçu. Deo gratias. Le pape nous a reçu avec beaucoup de chaleur, de sympathie. Il nous a félicité pour notre attachement à la Tradition bimillénaire de l'Eglise et a souhaité que nous l'aidions dans sa tâche pour relever, redresser la barque de Pierre qui prend l'eau de toutes parts. 

Pouvions-nous refuser, biens chers fidèles, cette main tendue, cette voix suppliante du Souverain Pontife ? Quel catholique digne de ce nom pourrait rester sourd à l'appel du doux Christ sur la terre, au Père commun des chrétiens, à celui qui est la tête, le roc et le fondement de l'Eglise, qui a l'assistance du Saint-Esprit et le charisme d'infaillibilité, qui est la source de toute juridiction et le principe d'unité des catholiques ? 

D'autant que notre chère Fraternité Saint-Pie X conserve toutes ses prérogatives. Nous gardons intactes, mes biens chers frères, les chapelles de la Tradition et nous aurons bientôt des églises avec la pleine et entière autorisation de l'Ordinaire. Nous gardons les écoles de la Tradition avec leur rayonnement, et leur 98% de réussite au baccalauréat dont une majorité de mentions (les écoles FSSPX, ça marche !), nous gardons nos prieurés, mes frères, que nous avons construits, achetés, restaurés grâce à vos deniers, à votre générosité. Merci, bien chers fidèles, et surtout ne relâchez pas vos efforts. 

Mieux, nous sommes érigés en Administration apostolique ce qui nous protège des compromissions avec les modernistes, garantit notre spécificité liturgique et disciplinaire. Nous échappons au contrôle de l'évêque du lieu, ne dépendant que d'un cardinal nommé par le pape et chargé de la sauvegarde de nos intérêts. 

Cette victoire extraordinaire, inespérée il y a encore peu de temps, nous savons que nous la devons à notre vénéré fondateur, Mgr Lefebvre, le nouveau saint Athanase, le nouveau saint Pie X, le saint évêque prédit par la Vierge de Quito et sans lequel rien n'aurait été possible. 

Comment ne pas voir dans ce succès de la Tradition, bien chers fidèles, la puissante intercession de Mgr Lefebvre et comment ne pas voir pareillement un signe de la Providence dans cet accord avec Rome l'année même du centième anniversaire de la naissance de notre saint fondateur. 

Oui, mes frères, remercions Monseigneur, prions-le avec ferveur. C'est grâce à lui que cette reconnaissance pleine et entière de la Tradition a été possible. C'est le succès personnel du saint archevêque. Dédions-lui, offrons-lui cette victoire. Car c'est sa démarche qui a été couronnée de succès. Lui qui toute sa vie a été un évêque romain. Lui qui n'a jamais voulu rompre les liens avec Rome, au point de signer tous les textes de Vatican II, de prôner au concile l'abandon de la soutane et l'usage de la langue vernaculaire dans la liturgie, lui qui fut convaincu jusqu'à sa mort que Rome reviendrait un jour à la Tradition, que le Pape rétablirait dans tous ses droits la Tradition. Il n'a jamais douté, même aux pires heures de sa vie. Il a toujours voulu maintenir le contact avec le Saint-Père, demandant à ses prêtres de se dire en communion avec lui chaque jour au canon de la messe, de chanter l'Oremus pro pontifice lors des salut du Saint-Sacrement, de prier pour lui lors du chant de la litanie des saints, aux Rogations, à la veillée pascale, dans les prières liturgiques du Vendredi saint. 

Il a exigé de ses séminaristes qu'à la veille du sous-diaconat, du diaconat et du sacerdoce, ils signent par trois fois une déclaration de fidélité et de soumission à Jean-Paul II reconnaissant son autorité suprême sur l'Eglise catholique, son pouvoir d'ordre et de juridiction universelle et immédiate sur tous les clercs et sur tous les fidèles. 

Monseigneur a d'ailleurs rencontré Paul VI puis Jean-Paul II. Il a signé le 5 mai 1988 un protocole d'accord avec le cardinal Ratzinger et ce n'est qu'après beaucoup d'hésitations, et la mort dans l'âme, qu'il a dû retirer sa signature le lendemain après avoir passé une nuit blanche. Non pour des raisons doctrinales mais simplement parce que Monseigneur voulait être sûr que la Tradition fût rétablie dans ses droits. C'est pourquoi il voulait une date certaine pour la consécration de l'évêque, que par sécurité il voulait même plusieurs évêques et il tenait à avoir la majorité des membres dans la commission romaine qui devait s'occuper de notre tant aimée Fraternité. Et puis les tentes avaient déjà été louées pour le 30 juin. Pouvait-on décemment annuler une cérémonie alors que les gens avaient déjà réservé l'hôtel près d'Ecône? 

N'en doutons pas, mes biens chers frères, du Ciel où il règne en majesté avec Notre-Seigneur, la Vierge et les Saints, Monseigneur nous voit. Je suis sûr qu'il nous sourit. Rappelez-vous, mes frères, ce beau sourire de Mgr Lefebvre. C'était déjà un coin de paradis sur la terre. Comme il doit être heureux aujourd'hui. Quel grand jour pour lui, pour l'Eglise, pour Notre-Seigneur ! Quelle reconnaissance nous lui devons ! N'hésitez pas à appeler vos enfants Marcel. Nul doute qu'avec un tel saint patron ils seront protégés, bénis, exaucés ! 

Certes, comme toujours ici-bas, notre joie n'est pas parfaite. Quelques prêtres et quelques fidèles, heureusement peu nombreux, nous ont quittés, refusant cette réconciliation avec Rome. Il faut beaucoup les plaindre car ils mettent leur âme en grand danger. Ils sont schismatiques, ils sont excommuniés. Certains sont même tentés par le sédévacantisme, un poison épouvantable contre lequel nous n'avons cessé de lutter. Priez pour eux. Si vous en connaissez, essayez de les ramener au port de la vérité et du salut, au sein de notre chère Fraternité qui reste le roc sur lequel s'édifie l'avenir de l'Eglise, l'arche par laquelle la Tradition est conservée, revivifiée. 

Quelle grâce, mes amis ! Quelle grâce ! Remercions la Sainte-Vierge à laquelle Monseigneur vouait un culte particulier. Et saint Joseph, son très chaste époux. Et les saints anges qui se réjouissent avec nous dans le ciel. 

Gaudete in Domino : Réjouissez-vous dans le Seigneur. 

Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. 

Texte A' : absence d'accord avec Benoît XVI. 

 Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. 

Mes biens chers frères, 

Judica Domine nocentes me expugna impugnantes me : apprehende arma et scutum et exsurge in adjutorium meum, Domine, virtus salutis meae ? Jugez, Seigneur, ceux qui me font du mal ; combattez ceux qui me combattent. Prenez vos armes et votre bouclier, et levez-vous pour me secourir, Seigneur, vous dont la force est mon salut. 

Comme elles sont d'une brîlante actualité, mes amis, ces paroles du psalmiste. Savez-vous que c'est là l'introït de la messe du lundi saint, le jour même où notre vénéré fondateur a rendu l'âme et est allé au Ciel, le lundi 25 mars 1991 ? 

Il faut relire les oraisons et les lectures de cette messe tant elles sont miraculeusement adaptées à ce que nous vivons aujourd'hui : " j'ai livré mon corps à ceux qui me frappent et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe ; je n'ai pas détourné mon visage de ceux qui me couvraient d'injures et de crachats " écrit le prophète Isaïe. Et le graduel, mes frères : " Levez-vous, Seigneur, pour me rendre justice, mon Dieu et mon Seigneur, pour défendre ma cause. Tirez l'épée et frappez ceux qui me persécutent ". Et la secrète : " Arrachez-moi à mes ennemis, Seigneur ; je me suis réfugié auprès de vous ". Et la communion : " Qu'ils soient confus et confondus tous ensemble, ceux qui se réjouissent de mes maux ; qu'ils soient couverts de honte et de confusion ceux qui disent du mal contre moi ". 

Oui, mes frères, méditez bien ces textes du missel. Car le combat de notre vénéré fondateur n'est pas terminé. Le temps n'est pas encore venu d'une pleine reconnaissance de la Tradition par Rome. Au contraire, plus que jamais, nous avons affaire à la Rome néo-moderniste et néo-protestante que dénonçait Monseigneur. 

Pouvions-nous, mes frères, décemment accepter un accord avec un pape imbu de modernisme, de philosophie hégélienne, qui répète sans cesse qu'il continue l'œuvre de son prédécesseur, qu'il entend appliquer fidèlement Vatican II ? 

Mais cela, mes frères, nous ne pouvons pas l'accepter. Oserions-nous nous regarder dans une glace si nous avions cédé aux sirènes du modernisme, du ratzinguérisme ? Oh bien sûr on nous proposait la liberté pour la messe traditionnelle, on nous proposait de nous ériger en administration apostolique. On était prêt à lever notre excommunication. Oui, mais à quel prix mes frères ? Le silence sur Vatican II ! Le silence sur ces abominables et grotesques JMJ ! Le silence sur la visite à la synagogue de Cologne ! Sur la risette aux musulmans ! Sur l'œcuménisme avec les protestants, les anglicans et les orthodoxes ! Non possumus, mes frères. Nous ne pouvons, nous ne voulons avoir aucune part, nullam partem, avec les ennemis de Notre-Seigneur, ceux qui nient la virginité perpétuelle de la Sainte-Vierge, ceux qui nient la divinité de Notre-Seigneur, son Incarnation, sa Résurrection, ceux qui rejettent le Dieu trinitaire. 

Quelle différence, biens chers fidèles, y a-t-il entre Benoît XVI et Jean Paul II ? Le premier n'a-t-il pas été le principal et dévoué collaborateur du second pendant un quart de siècle ? N'est-il pas à l'origine de l'excommunication de Monseigneur ? N'a-t-il pas été à Vatican II l'un des théologiens les plus modernistes ? Et qu'est-ce que cette grotesque réforme de la réforme ? Nous voulons la messe tridentine sans arrangement, sans combinazione, sans combinaison sordide. De Dieu on ne se moque pas. 

Notre combat, notre mission historique, ce n'est pas seulement ceux de la messe. C'est d'abord et avant tout ceux de la foi, de la foi catholique, mes frères. Que nous défendons dans son intégrité. Dans sa pureté doctrinale. Sans tache. Sans aggiornamento. Sans habile synthèse hégélienne. 

Si nous avions signé l'accord que l'on nous proposait, en quoi aurions-nous été différents du Barroux, de la Fraternité Saint-Pierre, de l'Institut du Christ-Roi, de Campos ? Que serait devenue notre chère Fraternité ? On ne dialogue pas, mes frères, avec le modernisme. On lui fait face. On le combat de manière frontale. 

Alors, certes, nous restons excommuniés et schismatiques. Mais excommuniés par qui ? Par un pape qui vante tous les ennemis de la sainte Eglise, qui préside d'indignes cérémonies liturgiques, qui refuse le règne social de Notre-Seigneur, qui détruit l'Eglise avec son œcuménisme libéral, ses initiatives interreligieuses désastreuses, son droit de l'hommisme maçonnique. Non, non, mes frères, nous n'avons rien à voir avec ces gens-là. 

Remercions notre fondateur qui du Ciel où il règne en majesté avec Notre-Seigneur, la Vierge et les saints veille sur nous et nous a donné la force de résister à ce qui aurait été le suicide de la Tradition, de ses écoles, de ses chapelles, de ses prieurés. Comment ne pas voir qu'en cette année où nous fêtons le centenaire de la naissance du nouvel Athanase, du nouveau saint Pie X, du nouveau saint Paul résistant à Pierre Monseigneur a intercédé avec une puissance toute particulière pour que le Saint-Esprit nous éclaire afin de ne pas mettre en danger notre chère Fraternité à qui le Bon Dieu a donné l'Arche d'alliance du Nouveau Testament et qui reste l'instance critique de l'église conciliaire ? Remercions Monseigneur de son intercession, de sa puissance tutélaire. Prions Dieu de nous aider à rester fidèles à son message, à sa voie, à son exemple. Car il y a en chacun de nous un Dom Gérard qui sommeille, un Père Rifan qui nous hante. Il faut lui opposer la force de la prière et de la foi. Soyez vigilants mes frères car, comme le dit l'Apôtre Pierre, le démon comme un lion rugissant rôde autour de vous, cherchant quelqu'un à dévorer ; résistez-lui, forts dans la foi. 

Puisque, comme le disait Mgr Lefebvre, " tous les chaires à Rome sont occupées par des anti-Christ ", puisque, comme Mgr le disait encore " un vrai successeur de Pierre ne peut se donner aux réformes de Vatican II ", nous continuerons fermement et calmement notre combat au service de l'Eglise et de la Tradition. Sans haine mais sans concession. Nous appellerons un chat un chat et un moderniste un apostat doublé d'un traître comme le disait le regretté père Calmel. Etre excommunié par des modernistes, ce n'est pas une source de désolation mais au contraire un motif de gloire. Nous porterons cette sentence injuste, invalide, criminelle comme une palme, comme une décoration. Elle est la preuve que nous sommes dans le bon combat. 

Et puis nous aurons une pensée pour les prêtres et les fidèles, heureusement peu nombreux, qui nous ont quittés et qui ont trahi le bon combat pour céder aux sirènes de la facilité, du confort. Prions pour eux car ils sont en grand danger. Essayez pour ceux que vous connaissez et sur lesquels vous avez quelque influence de les ramener au port de la vérité et à l'unité de la foi au sein de notre chère Fraternité qui, comme le disait Mgr Lefebvre, a les notes d'unité, de sainteté, de catholicité et d'apostolicité alors que l'église conciliaire ne les a évidemment pas, elle qui est œcuménique, pluraliste, démocratique, ouverte à toutes les hérésies et qui ne professe plus la foi des Apôtres. 

Prions pour la conversion du pape et de toute la hiérarchie moderniste du novus ordo.

Prions les uns pour les autres. 

Sanctifions-nous bien en allant seulement aux messes de la Fraternité, dans des centres de la Fraternité, en se confessant seulement à des prêtres estampillés FSSPX. C'est une garantie inégalable. Nous n'avons rien à voir ni avec les ralliés, les messes de l'indult qui sont une insulte comme s'il fallait demander la permission à Dieu pour dire la messe de toujours, la messe canonisée par le saint concile de Trente. Ni avec les ralliés qui sont des traîtres et des lâches, dis-je, mais ni non plus avec les sédévacantistes qui sont des schismatiques puisqu'ils sont coupés de Rome, qu'ils n'en reconnaissent pas l'autorité, la légitimité. Alors que nous, suivant l'exemple de Monseigneur, nous voulons rester romains. Sans Rome et même contre Rome s'il le faut mais romains ! Et nous restons unis au pape même à son corps défendant, à l'insu de son plein gré. Nous continuerons donc à chaque messe à nous dire en communion (una cum) avec Benoît XVI et avec l'évêque diocésain nommé par lui. C'est la seule façon de n'être pas schismatique tout en gardant la Tradition. C'est la voie étroite que nous a apprise notre fondateur et dont, grâce à Dieu, nous n'avons jamais dévié. C'est elle seule qui nous permettra d'aller au Ciel où nous retrouverons Notre-Seigneur, la Sainte Vierge, Saint Joseph, Mgr Lefebvre et tous les saints régnant en gloire et en majesté pour l'éternité. 

Que Dieu et Monseigneur vous gardent, mes biens chers frères, dans la fidélité à Dieu, à l'Eglise et à la Fraternité, seule arche de salut. 

Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. 

Edifiant, n'est-ce pas, Victor ? 

Petrus.

vendredi 29 avril 2005

A Ben, à Florilège, à Baudelairec2000, à Eti Lène

J'ai bien noté vos questions et objections qui méritent en effet réponse. Je vais m'employer à y répondre mais je vous propose, si vous le souhaitez, de reprendre longuement et point par point toutes vos remarques et interrogations lors des fameuses quarante-huit heures désormais imminentes sur le sédévacantisme où je serais d'ailleurs très heureux que vous participiez, ne fût-ce que pour poser des questions et émettre des objections, toujours stimulantes pour le débat. 

Pour l'heure, je me contenterai de répondre à Baudelairec2000 que ce que je reproche radicalement à la FSSPX et à Mgr Lefebvre (d'où en effet la violence de ma charge), c'est précisément de ne pas avoir mené le bon combat. Je suis intimement convaincu que la Providence attendait de Mgr Lefebvre qu'il jetât l'anathème sur les modernistes, qu'il constatât publiquement la vacance du Saint-Siège depuis la mort de Pie XII (qui peut nier que tout va mal dans notre monde depuis 1960? Sans pape, le monde court à sa ruine!). Au lieu de cela, il a préféré la combinazione, la diplomatie. On ne lui demandait pas d'abord d'ordonner des prêtres mais de confesser la foi, de frapper à la tête. C'est pourquoi, dussé-je encore me faire beaucoup d'ennemis, je maintiens que le prélat d'Ecône a été objectivement le fossoyeur de la Tradition catholique. Et si la FSSPX comme c'est probable se rallie, la trahison sera complète. 

Car, cher Eti, soyons sérieux, vous voyez la réalité non telle qu'elle est mais telle que vous voudriez qu'elle soit. Honnêtement qu'est-ce qui a concrètement changé dans l'église post Vatican II pour que l'on puisse comme vous le faites tout à coup se montrer si enthousiaste? Vous évoquez certains discours de Joseph Ratzinger mais vous omettez tous les autres qui vont dans le sens de la pleine adhésion à Vatican II, à la liberté religieuse. Ne savez-vous que le propre du moderniste est d'alterner les discours d'apparence orthodoxe et les déclarations hétérodoxes? Mais en fait vous le savez très bien, vous qui citez souvent Pascendi.
 
Je vais vous dire votre problème : vous êtes sincèrement révolté par le traitement infligé par Mgr Fellay à l'abbé Laguérie que vous chérissez et par conséquent vous vous sentez désormais plus proche du Vatican et des Ecclesia Dei que de la FSSPX. C'est votre liberté mais dites-le clairement. Vous êtes sur la voie du ralliement. Et pour justifier cette démarche, vous devez nier ou minorer la réalité de ce qu'est l'église conciliaire, ses scandales, son apostasie, ses hérésies. 

Cher Baudelairec2000, vous me dites que Vatican I est plus complexe que je ne le prétends. Pardonnez-moi mais c'est la lecture dans le Denzinger de Vatican I qui m'a fait quitter il y a cinq ans (ce dont je me félicite tous les jours que Dieu fait) la position lefebvriste. Je rappelle en effet que Vatican I enseigne que tous les catholiques doivent obéir au pape en matière de foi, de moeurs, de discipline et de gouvernement. Ce qui est radicalement incompatible avec l'enseignement et la pratique de la FSSPX. Il est quand même affolant que la FSSPX, pour justifier sa position hétérodoxe, se croie obligé de reprendre tous les discours mensongers et anathématisés des gallicans, des jansénistes et des vieux catholiques.
 
Vous dites avoir été déçu par un prêtre sédévacantiste. Comme je ne connais pas son nom, je ne puis vous répondre. Mais cela n'a rien d'étonnant. Lorsqu'il n'y a plus d'autorité infaillible à laquelle se référer, comment voulez-vous que les choses fonctionnent bien? Actuellement il s'agit seulement de survivre tant bien que mal. C'est le sauve-qui-peut général. Encore faut-il survivre en confessant la foi et non en cherchant un arrangement adultère avec la Rome moderniste et en étant en communion au canon de la messe avec des destructeurs de la foi catholique. 

Cher Ben, vous me dites que Benoît XVI est haï par le monde. Cela me paraît très excessif. Les gazettes sont à nouveau beaucoup plus favorables à son endroit. Et de toute façon des groupes comme Golias ou des personnalités comme Mgr Gaillot étaient déjà marginalisés sous Jean-Paul II. Que la gauche de l'église conciliaire soit déçue ne prouve rien. La gauche n'aime pas l'Opus Dei. Et pourtant l'Opus Dei est pour la liberté religieuse. Ratzinger s'inscrit tout à fait dans le schéma de Vatican II et ne pas le voir, c'est vraiment prendre ses désirs pour des réalités. Dans un système révolutionnaire, il y a toujours une droite et une gauche. Les deux sont également mauvais et à rejeter totalement. 

Florilège me pose la question de la possibilité d'un nouveau pape. C'est une question complexe à laquelle je répondrais longuement dans le cadre des quarante-huit heures. Tout le monde n'est pas d'ailleurs d'accord sur la réponse à donner mais pour ma part je crois plutôt à une fin du monde assez proche (dans le siècle) sans bien sûr en faire une certitude. D'autres, majoritaires, croient davantage à une restauration soit par conversion partielle ou totale de la hirarchie conciliaire (thèse de Cassiciacum), soit par retour miraculeux d'Apôtres (Pierre et Paul pour les uns, Jean pour d'autres) ou de prophètes (Enoch et Elie). M'appuyant sur l'Evangile où Jésus se demande s'Il retrouvera la foi quand Il retournera sur terre, je crois davantage à un scénario de fin du monde dans les quelques décennies qui viennent. Mais je reconnais qu'il ne s'agit là que d'une hypothèse. Je confesse que ce n'est pas une vision très optimiste , cependant il me semble que les signes sont nombreux qui vont dans ce sens (destruction massive de l'environnement, apostasie générale, folie de la techno-science, vacance prolongée du Saint-Siège, éclipse de l'Eglise catholique depuis Vatican II, immoralité généralisée : avortements massifs, homosexualité militante, féminisme agressif, destruction des nations par le mondialisme...) 

Personnellement, je me désole de voir que Tradiland n'a qu'une obsession : avoir sa messe tridentine enfin reconnue. Comme si l'église conciliaire était l'Eglise catholique. Et comme si la messe ainsi reconnue n'était pas mise au service de Vatican II et des modernistes. Ce qui nous perd, c'est le goût du confort, l'incapacité à embrasser et à tenir des positions radicales et apparemment désespérantes, j'en conviens. Mais que devaient penser les Apôtres le soir du Vendredi Saint? La position lefebvriste est une position de confort. Elle prétend être la vérité. Elle n'est qu'un poison qui donne la mort. Vous comprenez pourquoi, cher Baudelairec2000, je ne puisse avoir aucune indulgence pour des empoisonneurs et des fossoyeurs, même si je tâche de distinguer les victimes des coupables. Ce n'est pas la haine ou la hargne comme vous dites qui me fait écrire, c'est le dégoût et la nausée que m'inspirent les dirigeants actuels et passés de cette organisation de neutralisation de la réaction traditionaliste et d'étouffement de la vérité. D'ailleurs, ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi le pire ennemi de la FSSPX était le sédévacantisme honni, méprisé, vilipendé? Voilà qui devrait faire réfléchir, ne croyez-vous pas? Je me suis toujours méfié des gens qui diabolisaient leur droite. C'est éminemment suspect, surtout dans notre monde de tièdes et de larves.
 
En toute sympathie.
 
Petrus.

jeudi 28 avril 2005

Les 48 heures ou l'extase à l'état brut!

Quelle joie totale! Quel bonheur ineffable! Quel délice indicible ! Ces quarante-huit heures tant promises, tant attendues, le rêve des uns, le cauchemar des autres, enfin là devant nous! 
 
Depuis que la FSSPX s'acharne à discréditer la position sédévacantiste sans d'ailleurs jamais la réfuter (et pour cause!) en jouant sur les peurs, en profitant de son quasi-monopole sacramentel, de sa richesse, de ses relations, de l'aura de Mgr Lefebvre, voilà enfin un débat doctrinal, une controverse théologique. Où toute la vérité pourra être dite sans tabou, sans réserve, sans faux semblant. 
 
C'est pour des moments comme ceux-là que l'on se dit que la vie mérite d'être vécue. 
 
L'on pourra notamment s'attacher au cours des débats à montrer les incohérences, les contradictions, les illogismes et les absurdités de la position, d'ailleurs évolutive et purement praxiste, de la FSSPX. Pour un lefevriste, on peut recevoir une juridiction ordinaire du pape, même à son corps défendant, sacrer des évêques contre sa volonté formelle, ouvrir des écoles, des chapelles et des prieurés sans autorisation de l'autorité que l'on reconnaît comme légitime. Bref, dire et faire n'importe quoi. Au moment des sacres, l'on nous avait ainsi expliqué que l'être profond du pape ne pouvait pas s'opposer aux consécrations de Mgr Lefebvre. Ce qui rappelle la jésuitique distinction des jansénistes entre le sedes et le sedens auquel on pouvait désobéir. Tantôt Jean-Paul II était l'anti-Christ, tantôt le vicaire du Christ. Tantôt l'église conciliaire est l'Eglise catholique, tantôt elle est une fausse église et une nouvelle religion. Comment peut-on détruire davantage les intelligences et la notion de vérité en refusant à ce point le principe de non-contradiction ? C'est un peu comme si l'on disait d'une femme qu'elle n'est ni enceinte ni pas enceinte mais qu'elle est à demi-enceinte et que plus ça va, moins elle est enceinte! 
 
Au cours de ces 48 heures l'on pourra s'essayer à poser les questions essentielles et tâcher d'y répondre : l'église conciliaire est-elle l'Eglise catholique? Les pontifes conciliaires sont-ils les vicaires du Christ? Les nouveaux rites sacramentels sont-ils valides, ont-ils été promulgués par une véritable autorité? Comment expliquer la crise de l'Eglise? Comment en sortir? 
 
Avouez que c'est quand même d'un autre intérêt que de savoir qui de Laguérie ou de Fellay est le méchant et quel est le premier des deux qui a commencé ou qui va être élu au chapitre général de 2006 pour continuer à mentir et à tromper douze ans durant. 
 
Cher Eti, vous disiez hier : "A bas le sédévacantisme!" 
 
Pour ma part, je vous réponds en écho : "à bas la FSSPX!" 
 
Pas de FSSPX dans mon quartier, pas de quartier pour la FSSPX! 
 
Elle est d'ailleurs déjà dans les poubelles de l'histoire! Qu'elle y reste! Grand bien lui fasse! 
 
Petrus. 

mercredi 27 avril 2005

Quel avenir pour la FSSPX ?

Ces dernières semaines j'ai jugé plus sage de me retirer temporairement du FC tant l'unanimisme soviétoïde autour de Jean-Paul II, déjà médiatiquement canonisé, empêchait toute voix discordante de s'exprimer. O combien révélatrice des hommes de notre temps, cette unanimité dans la louange, du Front national au Parti communiste, de La Croix à Présent, de L'Humanité à National-Hebdo, de Libération à L'Action française 2000, du Hamas à Ariel Sharon, de Cuba à l'Italie, des juifs aux musulmans, des bouddhistes aux protestants, des croyants aux athées. Le pontife d'Assise reçoit ici-bas sa récompense. Elle est grandiose. Elle est universelle : un milliard de téléspectateurs pour ses funérailles, un à deux millions de personnes présentes Place Saint-Pierre et aux alentours.

Qu'en sera-t-il au Ciel? Dieu seul le sait mais me revenaient à l'esprit lorsque résonnaient toutes ces louanges dithyrambiques la prophétie de Notre-Seigneur à Ses Apôtres dans l'Evangile selon saint Jean : "Le monde vous haïra comme il m'a haï" et la huitième Béatitude dans l'Evangile selon saint Matthieu : "Heureux serez-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on vous calomniera de toute manière à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers" (Matthieu, V, 11 et 12). Avouez que nous en sommes loin. Et que notre monde apostat, matérialiste, hédoniste, relativiste adule ainsi Jean-Paul II devrait, me semble-t-il, être matière à réflexion.

Mais comme une image chasse l'autre, voici l'avènement de Benoît XVI. Alors là, ce ne sont plus les pleurnicheries médiatiques qui ont accompagné la mort de Jean-Paul II, c'est une délirante bouffée d'enthousiasme qui submerge la quasi-totalité de la galaxie traditionaliste comme en témoignent tant les messages euphoriques sur le FC que le communiqué de Mgr Fellay, les déclarations très optimistes de l'abbé Régis de Cacqueray au Figaro, les interventions des abbés Barthe et de Tanoüarn sur Radio Courtoisie, l'emballement de l'abbé Aulagnier ; ça frétille, ça s'excite, ça s'enthousiasme! Attention, messieurs les abbés, l'excitation, c'est comme les moules pas fraîches, quand on en abuse, ça fait mal au ventre!

Toujours est-il qu'on assiste à une course au ralliement à l'église conciliaire de tous les côtés de Tradiland. C'est à celui qui arrivera le premier sur la ligne d'arrivée décrochant le pompon du philoratzinguérisme. L'abbé Barthe, longtemps sédévacantiste, est désormais officiellement una cum famulo tuo Papa nostro Benedicto au canon de la messe. Du côté cacquerayso-fellaysien comme du côté laguéro-tanoüarnien on ne parle que de régularisation canonique.

Le vent d'enthousiasme qui avait suivi l'élection de Jean-Paul II avait divisé et neutralisé une grande partie de la résistance traditionaliste. C'est à cette époque que Mgr Lefebvre a commencé la chasse aux sédévacantistes parmi ses prêtres et ses séminaristes à la grande joie de Dom Gérard et de Jean Madiran. Car il en va à Tradiland du sédévacantisme comme du révisionnisme dans la société : c'est sulfureux, c'est tabou, n'en parlons pas, je vous en prie. Nous sommes entre gens bien élevés, n'est-ce pas?

Eh bien la neutralisation de la réaction traditionaliste, déjà fortement amorcée sous le règne de Jean-Paul II, est en voie d'achèvement sous le règne de Benoît XVI. Je suis personnellement prêt à parier qu'avant la fin de la décennie, et probablement bien avant, la FSSPX se sera ralliée à l'église post Vatican II. Tout ça pour ça serait-on tenté de dire? Après trente ans de dissidence envers une autorité reconnue comme légitime contre vents et marées, voilà que l'on prépare en douceur le ralliement des quatre évêques, des 450 prêtres et des quelques dizaines de milliers de fidèles de la FSSPX et des oeuvres amies. Peu importe que Joseph Ratzinger ait redit, une fois élu, sa ferme volonté d'appliquer Vatican II, l'oecuménisme, la collégialité, le dialogue interreligieux, peu importe qu'il soit appuyé par le courant néo-conservateur américain, peu importe que son élection ait été chaleureusement applaudie par les juifs et par le clan Bush, peu importe qu'il fut le premier naguère à reconnaître la prétendue responsabilité de l'Eglise catholique dans l'"Holocauste", aucune réserve, aucune critique n'est désormais permise. C'est l'extase à Tradiland!

Après Mater Ecclesiae, Dom Augustin (1986), la Fraternité Saint-Pierre, les soeurs de Pontcallec et le Barroux (1988), l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (1990), la Société Saint-Jean (1999), Campos(2002), ne reste plus qu'à avaler la FSSPX qui manifestement ne demande que cela. Les prêtres lassés, fourbus (30 ans, c'est long!), divisés (crise de Bordeaux, puis à Paris, crise des séminaires, problèmes graves dans le district d'Allemagne, en Amérique), les fidèles désireux de revenir à la pleine communion avec les conciliaires, les jeunes de s'insérer pleinement dans la vie sociale et professionnelle, ce qui est plus facile quand ne pèsent pas sur soi la sentence d'excommunication et l'accusation de schisme, tout concourt à un ralliement rapide et en bonne et due forme.

Que les "tradi" ne s'inquiètent pas : on leur laissera la place pour la messe traditionnelle dans le Panthéon d'Assise! Et s'ils veulent en plus le Syllabus, ils l'auront! A côté de Vatican II! Quand on aime, on ne compte pas! Pie IX et Jean XXIII béatifiés en même temps, c'est-à-dire tout et son contraire!

Et le jour où la FSSPX se ralliera, je vois d'ici les manchettes : "Grand jour pour l'Eglise", "Victoire pour la Tradition". Avec un grand T comme tartuferie!

Comme me faisait justement remarquer une dame à la pointe du combat depuis trente ans : "que vouliez-vous qu'il sortît de bon d'une source empoisonnée comme Lefebvre qui a dit et fait tout et le contraire de tout?"

En une phrase, tout est dit.

Chapeau, la FSSPX!

Rideau!

Petrus. 

samedi 12 mars 2005

Cher Conomore, vous vous illusionnez!

L'Europe que l'on nous impose n'a rien d'européen. Une Europe qui s'étend à la Turquie et demain à Israël et aux pays du Maghreb comme il en est sérieusement question mérite-t-elle le qualificatif d'européenne? Vous dites que la victoire du non réjouirait les Etats-Unis. C'est tout le contraire. Les Américains ont toujours dit le plus grand bien qu'ils pensaient de l'Union européenne et George W. Bush ne se cache pas d'oeuvrer à l'adhésion à l'UE de la Turquie, allié traditionnel des USA et d'Israël. 
 
Quant à l'exemple de l'agriculture que vous avez choisi, il me paraît justement révélateur de ce qu'est cette Europe. En effet, en quarante ans de Politique agricole commune (PAC), le nombre des agriculteurs a été divisé par dix et les quelques centaines de milliers de paysans qui subsistent ne vivent misérablement que grâce aux maigres subsides que l'UE leur alloue, les transformant en serfs modernes. On les a fait s'endetter jusqu'au cou pour qu'ils se mécanisent, qu'ils se modernisent et maintenant ils sont pris à la gorge. 
 
De surcroît,l'agriculture intensive détruit la nature, l'élevage moderne (poulets en batterie), traite les animaux comme des choses et nuit gravement à l'homme en donnant une alimentation de fort mauvaise qualité. D'où les scandales permanents : vaches folles, poulets à la dioxyne, etc, etc.
  
Des nappes phréatiques sont irrémédiablement polluées par les engrais et les pesticides. Les fruits et légumes que nous consommons sont de véritables poisons tant ils subissent de produits chimiques.
  
L'agriculture européenne est soviétisée, de nature totalitaire et repose sur la folie des hommes et l'esprit de lucre. Pour que les vaches donnent davantage de lait, on les pique à la somatotropine, hormone de lactation, au même moment où l'on impose des quotas laitiers pour en limiter la production. Avouez qu'il est difficile d'aller plus loin dans la folie! 
 
Enfin, je m'étonne que vous ne jugiez finalement pas si grave de voter oui à un texte constitutionnel qui nie l'héritage chrétien du Vieux Continent, qui de surcroît promeut officiellement, au nom de l'idéologie anti-discriminatoire, toutes les déviations morales, institutionnalisant l'homosexualité et qui, au nom de l'antiracisme, place l'Europe en état d'invasion libre. 
 
J'ajoute que défendre sa patrie (ce que vous appelez, en vous moquant, le souverainisme) est partie intégrante du quatrième commandement de Dieu et ne revêt donc aucun caractère facultatif ou superfétatoire pour un chrétien désireux de faire son salut. 
 
En votant oui à ce texte, je crains que vous ne commettiez un péché mortel dont vous aurez à rendre compte. 
 
Mais en deux mois et demi, vous avez encore le temps de changer d'avis. 
Je prierai et j'oeuvrerai en ce sens. Sans illusion excessive mais sans non plus me décourager, cher Conomore. 
 
Ce n'est pas la bataille rhétorique qui m'effraie, bien au contraire. 
 
On se le fait, ce match de ping-pong au meilleur des cinq sets? 
 
Petrus. 

vendredi 11 mars 2005

Non, trois fois non à la Constitution européenne

Le dimanche 29 mai, jour de la Fête-Dieu, les Français seront consultés sur le traité de Bruxelles signé à Rome par les vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement le 29 octobre 2004. Nous n'entrerons pas ici dans le détail juridique et technique de ce traité constitutionnel mais nous nous arrêterons sur ce qui nous semble le plus grave dans ses dispositions et dans ses conséquences. 

Il faut dire d'abord que ce traité couronne un demi-siècle d'abdication de la souveraineté et de l'indépendance nationale. Ce que l'on a appelé la construction européenne a été en fait une machine de guerre pour détruire les nations et un cheval de Troie du mondialisme. C'est si vrai qu'il ne s'agit pas même de construire l'Europe (et d'ailleurs quelle Europe?) mais une sorte d'ONU régionale puisqu'il est sérieusement question d'intégrer la Turquie et demain, dit-on, Israël et les pays du Maghreb. 

On s'interroge sur l'opportunité de faire adhérer à l'Union européenne un pays de culture et de religion mahométane, mais si l'Europe était restée chrétienne la question ne se poserait même pas. C'est l'apostasie de nos nations qui précipite la victoire de l'islam. Au reste, dans l'histoire, Dieu a souvent utilisé l'islam pour punir les hérésies, les schismes, les scandales. Que l'on songe aux chrétientés orientales sensibles aux hérésies christologiques en grande partie décimées par la conquête islamique ou plus près de nous à la chute de Constantinople aux mains jusque-là des schismatiques orthodoxes. 

Mais ce qui a frappé beaucoup de monde, c'est le refus obstiné de la plupart des chefs d'Etat européens, au premier rang desquels l'inénarrable Jacques Chirac, d'introduire dans le préambule à la Constitution européenne une référence au christianisme. Or sans christianisme point d'Europe! Et pourtant c'est bien ce qui s'est produit : il n'est aucune mention du christianisme (je ne parle même pas du catholicisme) dans ce document destiné à devenir le texte fondamental qui devra régir la vie de plusieurs centaines de millions d'Européens. C'est bien la preuve que l'Union européenne est un club anti-chrétien. Ce serait déjà une raison suffisante de rejeter catégoriquement ce traité. 

Mais il y a plus comme en témoigne l'affaire Rocco Buttiglione, du nom de cet homme politique italien qui a dû renoncer à siéger dans la commission de Bruxelles à cause de propos jugés "homophobes". Qu'avait dit en substance ce démocrate-chrétien,proche de Jean-Paul II ? Une phrase, une seule, qui a suffi à l'exclure du jeu politique européiste : "en tant que chrétien je considère que l'homosexualité est un péché". 

Il ne s'agissait donc pas d'une attaque contre les personnes homosexuelles auxquelles bien sûr nous devons compassion et charité mais d'une réflexion de chrétien sur ces moeurs objectivement contre-nature et dont le catéchisme de saint Pie X enseigne qu'elles crient vengeance devant Dieu. 

Tel est donc leur Europe : l'Europe du vice, de l'apostasie, du mensonge, de l'imposture et de la destruction. 

Au reste, dans la charte incluse dans la Constitution européenne, est intégré un article qui punit toute discrimination en fonction du sexe et de l'orientation sexuelle. Qu'est-ce à dire sinon qu'il sera légalement impossible de s'opposer au mariage gay, à l'adoption pour les couples homosexuels et à l'insémination artificielle pour les lesbiennes ? Le lobby rose a d'ailleurs trouvé l'arme thermonucléaire pour annihiler toute résistance à ses projets délirants : le concept d'homophobie. Née outre-Atlantique, cette notion aussi vague qu'indéfiniment extensible permet de pointer du doigt toute personne et tout groupement suspect de ne pas adhérer d'enthousiasme à toutes les folies de la mafia gay. 

J'aurai l'occasion dans un prochain post, si Dieu me prête vie et XA l'hospitalité du forum, de retracer par le menu les différentes étapes de cette offensive homophile qui sape les fondements de notre civilisation et s'attaque à la racine de la loi naturelle. Qu'il soit seulement permis de dire dès aujourd'hui que nous entrons dans de nouvelles Sodome et Gomorrhe et que l'on peut être légitimement inquiet pour l'avenir de nos sociétés. 

Quoi qu'il en soit, cette Constitution européenne couronne cette révolution morale, sociétale, promeut officiellement l'inversion des moeurs. C'est la deuxième raison de s'y opposer fermement. 

Enfin, cette Constitution parachève la dissolution de notre patrie dans un grand magma dont on ne connaît ni les limites géographiques (sans cesse repoussées) ni l'exacte finalité (qui de toute façon n'est pas chrétienne) ni les véritables maîtres, même s'il est permis de se faire une idée. 

En l'espace de seulement quelques années, nous avons été complètement dépossédés : de nos frontières (ce qui favorise une immigration planétaire sans seuil quantitatif ni tri qualitatif), de notre législation (sait-on assez que 80% des lois et des règlements sont édictés par Bruxelles?), de notre monnaie, le franc, notre compagnon de route depuis Jean II le Bon (1360, six cent quarante-deux ans de bons et loyaux services rayés d'un trait de plume!) alors même que nous étions le seul pays au monde dont la monnaie portait le nom et dont le nom était une vertu. Franc, cela veut dire libre, mais aussi franc, ouvert, honnête, loyal. Autant de dispositions d'esprit et de vertus qui n'ont quasiment plus court dans notre monde fondé sur le mensonge, la tricherie, la duplicité et l'imposture. On comprend dans ces conditions qu'un aussi beau mot que le franc n'ait plus droit de cité dans notre pays réduit en esclavage. Mais notez, chers liseurs du FC, que le symbole est très fort : aux enfants des écoles l'on apprend désormais à compter en monnaie d'occupation et non plus en monnaie nationale. Si j'osais cette métaphore puisée de l'informatique, je dirais que sur le disque dur des cerveaux des petits Français, il s'agit d'imprimer qu'ils sont des européistes, des citoyens du monde et non des fils de France. De même le drapeau national est-il relégué au second plan derrière l'emblème européiste dans le rang protocolaire. Et là aussi le symbole est significatif : tandis que traditionnellement le dictionnaire Larousse plaçait le drapeau français en tête, il est désormais relayé à la soixantième place entre la Finlande et le Gabon! 

Nous n'avons plus ni frontières ni monnaie et l'on veut encore nous voler notre âme. D'où la pornographie qui s'étale partout dans les rues, dans les kiosques à journaux, dans les affichages publicitaires, à la télévision et sur Internet. Si l'on pouvait détruire à jamais l'innocence et la pureté, on le ferait sans hésiter. Et c'est pourquoi l'on s'en est pris d'abord aux enfants et aux femmes qu'il s'agit de pervertir, de souiller au nom de l'émancipation et de la liberté sexuelle. 

L'Union européenne promeut partout l'avortement et plusieurs pays de l'Union ont déjà légalisé l'euthanasie. On s'en prend ainsi aux deux bouts de la vie : les foetus sont avortés et les vieillards euthanasiés. L'on s'en prend même aux morts en profanant leurs tombes dans les cimetières, en permettant à une science devenue folle et qui n'est que ruine de l'âme de déterrer pour un oui ou pour un non des cadavres et de les triturer en vue de peu ragoûtantes expérimentations médicales. 

Et déjà l'on nous parle du clonage humain, d'abord thérapeutique, ensuite reproductif tandis que des journaux régionaux ont fait état l'année dernière pour la première fois en France de plusieurs cas de cannibalisme (l'un de plein jour dans une rue fréquentée du centre ville de Périgueux, l'autre en prison). 

Tel est le meilleur des mondes dans lequel nous entrons. Un monde où l'air manque à nos poumons. 

Et pourtant dans cet univers kafkaïen où plus rien ne semble avoir de sens, où il nous semble être arrivé au bout de tout, le Bon Dieu nous a donné de vivre. Ce qui a forcément un sens. Aussi devons-nous nous battre. D'abord hic et nunc contre ce projet mortifère de Constitution européenne, même si la bataille est loin d'être gagnée d'avance et même si l'on peut être sûr que les tenants du système utiliseront tous les moyens (je dis bien : tous les moyens) pour obtenir l'adhésion majoritaire du corps électoral. Rappelons-nous qu'en septembre 1992 François Mitterrand avait mis au dernier moment sa prostate et son cancer dans la balance pour apitoyer les électeurs et obtenir d'eux le oui à l'infâme traité de Maastricht. 

Au-delà de cette bataille nécessaire contre la Constitution européenne mais circonscrite dans le temps et dans l'espace, dans les ruines qui partout s'accumulent, ruine du langage, ruine du savoir, ruine de la vérité, ruine de la vertu, dans les ténèbres qui ont tout recouvert, alors qu'humainement tout semble perdu, que les forces dites de résistance semblent elles-mêmes en train de sombrer, que la victoire de Satan apparaît totale, que plus rien ne tient debout, que l'avenir semble complètement bouché, que le pessimisme le plus total nous étreint, que l'on est vit dans une sorte de sauve-qui-peut général, reste à cultiver la belle vertu théologale d'espérance. 

Magnifique disposition d'esprit dont Bernanos nous dit qu'elle est un désespoir surmonté, dont Péguy écrit qu'elle est cette petite fille qui marche entre ses deux soeurs aînées, la Foi et la Charité et qui, apparemment toute fluette, toute timorée, finit par tout embraser, tout irradier pourvu qu'on la fasse sienne. Et c'est l'Apôtre lui-même qui nous enseigne qu'il faut espérer contre l'espérance même. N'est-ce pas le moment où jamais de cultiver cette vertu surnaturelle (qui n'a rien à voir ni avec l'optimisme, "l'espérance des imbéciles", toujours selon le grand Bernanos, ni avec l'espoir, laissons-le à Malraux) au moment où tout semble se dérober sous nos pieds pour poursuivre notre pèlerinage en vue du Ciel? Et à cette fin n'est-il rien de plus nécessaire, rien de plus beau, rien de plus légitime que d'aimer charnellement cette terre de France d'où nous venons et où nous retournerons, simples maillons d'une chaîne ininterrompue d'êtres qui naissent, aiment, souffrent et meurent, que d'en aimer les calvaires et les clochers, les églises et les chapelles, les sentiers qui serpentent sur la montagne, les vallons où se blottissent de charmants hameaux? 

Après tout, qu'est-ce que la religion chrétienne sinon un Dieu qui s'incarne? Ce n'est pas un hasard si Notre-Seigneur a choisi les éléments les plus naturels, les plus simples pour en faire des canaux de la grâce : le pain, l'eau et le vin. Notre religion est une religion de l'incarnation, de la vie et de la vérité. L'on comprend qu'elle se heurte de front à un monde désincarné qui promeut même une contre-incarnation, celle du diable, celle du virtuel, du fictif, du frelaté et du faisandé, celle du mensonge, de la mort et de la destruction. 

Alors, oui, sans doute, plus que jamais, il nous incombe de faire sienne cette belle vertu d'espérance en gardant certes les pieds sur terre mais en gardant le coeur brûlant, l'âme ardente et les yeux levés au Ciel. Ce Ciel qui est notre destination ultime, à laquelle nous ne pensons sans doute pas assez pour la plupart d'entre nous et où pourtant je nous souhaite et je vous souhaite, chers liseurs du FC, que nous nous retrouvions tous un jour dans l'immense cortège des héros, des martyrs et des saints de tous les temps, avec les anges, les archanges, la Sainte Vierge, saint Joseph, les Apôtres et Notre-Seigneur régnant en gloire et en majesté pour l'éternité. 

Petrus. 

mardi 8 mars 2005

La bombe Williamson dans Minute !

C'est Richard Ier Coeur de Lion le retour. Du grand Williamson dans Minute! Après le séisme du 17 octobre 2004 à Saint-Nicolas où, dans une homélie en forme de violent réquisitoire contre Mgr Fellay et son clan, le doyen des quatre évêques de la FSSPX ne s’était déjà pas fait que des amis au sein du mouvement fondé par Mgr Lefebvre, voici désormais la réplique, encore plus violente, encore plus judicieuse, dans Minute du 8 mars 2006. A moins de quatre mois d’un chapitre général qui s’annonce celui de tous les dangers (Mgr Fellay et ses proches seront-ils, comme ils l’espèrent, reconduits pour douze ans à la tête de la FSSPX ?), le supérieur du séminaire de La Reja en Argentine ne mâche pas ses mots contre l’actuelle direction de la Fraternité dans l’ « hebdomadaire politiquement incorrect » du tanoüarnien Jean-Marie Molitor, sans doute pas fâché de mettre en fureur un Mgr Fellay pour lequel il n’a à juste titre que peu d’estime. 

Mgr Williamson qui s’affirme là clairement comme le principal opposant à Mgr Fellay et à l’abbé Schmidberger dénonce tout à la fois les méthodes et les objectifs de l’actuel supérieur général sans quasiment jamais citer son nom, ce qui fait encore plus mal. Il condamne les actuelles et interminables discussions avec ce qu’il appelle « la Rome conciliaire » et « les papes conciliaires » : « le dialogue lui-même, explique-t-il, n’est pas sans danger, car il suscite faux espoirs, controverses et déceptions s’il n’aboutit pas. Son ouverture même doit être mûrement réfléchie. Or, je sais que depuis la rupture des conversations entre la Rome conciliaire et la Fraternité en 2001, le cardinal Castrillon Hoyos voulait absolument renouer les contacts. La visite du supérieur général et du premier assistant de la Fraternité pour honorer le nouveau pape au mois d’août lui en a offert l’occasion… » 

Cette dernière phrase est de la nitroglycérine : ni Mgr Fellay ni l’abbé Schmidberger ne sont nommément cités. On ne cite pas en effet les noms de ceux que l’on méprise ! D’ailleurs, le supérieur général de la FSSPX est implicitement accusé de « perdre le dogme de la foi » et d’entretenir « une grande confusion » du fait de ses contacts avec la Rome moderniste. L’équipe de Mgr Fellay est à la fois libérale et fanatique, molle sur les principes et impitoyable avec les personnes, et singulièrement avec les prêtres. C’est le sens évident de la citation par Richard Williamson du père Garrigou-Lagrange : "séparées l’une de l’autre miséricorde et fermeté doctrinale ne laissent plus que deux cadavres : le libéralisme humanitaire avec sa fausse sérénité [comprendre : celle de Mgr Fellay et de son sourire Colgate !] et le fanatisme avec son faux zèle [comprendre : la chasse aux prêtres non clonés, non totalement soumis aux caprices et tergiversations du supérieur général, la cessation brutale des négociations avec l’abbé Laguérie avec le communiqué sec comme un coup de trique de l’abbé Arnaud Sélégny et les ordures d’un certain site Internet] ». 

D’ailleurs, la FSSPX est aux mains d’un clan, d’une secte où Mgr Williamson, bien qu’évêque, n’est nullement informé des négociations en cours : « J’ai suivi les événements avec attention au travers des médias, comme tout le monde. [le « comme tout le monde » est essentiel !]. De plus, quelques jours après la rencontre de Mgr Fellay et le cardinal Castrillon Hoyos (…), j’ai reçu de Mgr Fellay un rapport sur cette rencontre qui a duré plus de cinq heures. Je dois avouer que la lecture de ce rapport a été pour moi plutôt décevante. » Admirez l’euphémisme ! 

Est à nouveau épinglée, comme dans l’homélie en forme de bombe du 17 octobre 2004, une certaine forme de surnaturalisme inhumain (il ne suffit pas d'avoir l'apparence extérieure de la sainteté avait expliqué Mgr Williamson!) : la gestion des séminaires est clairement mise en cause : « les séminaires doivent ressembler plus à une famille qu’à une caserne ». L’attitude des supérieurs vis-à-vis des prêtres n’est pas charitable et des départs auraient pu et dû être évités : « Nous autres supérieurs devons veiller à maintenir un contact paternel avec nos prêtres et nous demander si nous n’aurions pas pu éviter certains départs ». 

La direction de la FSSPX, inhumaine avec ses prêtres, ne défend pas convenablement la foi et les principes, n’a pas de zèle apostolique : « nous pouvons nous interroger : avons-nous toujours le zèle missionnaire de notre fondateur ? Son ardeur et sa fermeté à défendre la foi ? » Poser ainsi la question, c’est y répondre. 

Considérant que la Fraternité est « à la croisée des chemins », Mgr Williamson ne veut à aucun prix d’un Mgr Fellay et de ses hommes jusqu’en juillet 2018. La preuve, l’évêque britannique attend du nouveau supérieur général qu’il soit « fort dans la foi, et ensuite humain, surtout avec ses prêtres » Une dénonciation en creux de Bernard Fellay et de sa bande ! D’ailleurs, il faudra à ce nouveau supérieur général « jugement, prudence et capacité d’adaptation pour discerner et sauvegarder l’essentiel. C’était là une des grandes qualités de Mgr Lefebvre lui-même » Admirez l’imparfait (« c’était »), temps qui, selon les grammairiens, indique un passé révolu. Au reste, toutes les références à Mgr Lefebvre dans cet article en forme de dynamite ne sont là que pour opposer le fondateur de la FSSPX à l’actuel supérieur général. Mgr Willimason évoque aussi au passé « la force et l’unité de la FSSPX » : « telles qu’on les a connues » dit-il de manière explicite. Et le doyen des quatre évêques de la Fraternité d'ajouter : "le supérieur n'a pas besoin d'être un saint.", façon là aussi de se moquer des déclarations des suresnites et des menzingeniens selon lesquels il ne faut former que des saints. Comme s'il n'y avait pas des haines torrides entre clercs au sein de cette si peu fraternelle FSSPX ! 

Enfin, Mgr Williamson menace : « Les fidèles ont pour la Fraternité une grande estime et afffection, mais les meilleurs d’entre eux cesseraient de la suivre si elle se compromettait avec ces Romains qui ont perdu le dogme de la foi ». 

Bref, un véritable réquisitoire contre douze ans de supériorat général de Mgr Fellay et même au-delà puisque l’abbé Schmidberger est également visé, Mgr Williamson évoquant un changement au sein de la FSSPX depuis 1991, année de la mort de Mgr Lefebvre, époque où l’abbé Scmidberger dirigeait la FSSPX, et ce jusqu'en 1994.En fait, il la dirige toujours en tandem avec Mgr Fellay. 

On l’a compris : Mgr Williamson ne votera pas et ne fera pas voter pour Mgr Fellay et ses hommes au chapitre général de juillet 2006. Il risque d’y avoir du sport en perspective. Bref un régal ! 

Petrus.

Le retour de flammes

Finie. La pénitence a assez duré. Petrus est de retour et va cracher du feu. Je ne vais quand même pas me laisser dévorer tout cru par le FSSPX Circus, non? 
 
Je poursuivrai donc dans les prochains posts l'offensive tous azimuts contre les déviations doctrnales et canoniques de la FSSPX et Dieu sait qu'il y a matière car tout ce que l'organisation écônienne touche, elle le souille immanquablement : [cette partie du message de Petrus constituant une grave offense à l'encontre du Souverain Pontife, elle a été modéreée.] le catéchisme falsifié en enseignant qu'il est tout à fait licite de désobéir au pape en matière de foi, la nature monarchique et hiérarchique de l'Eglise parodiée par Menzingen et ses sujets, avec sa commission saint Charles Borromée annulant (de manière évidement invalide car elle n'a aucune juridiction pour cela) les mariages et les voeux religieux, avec ses évêques supplétoires, le dogme de l'infaillibilité ponticale vidée de sa substance. 
 
On nous dit aujourd'hui que la hiérarchie de la FSSPX ne respecte pas le code de droit canon. Mais quand l'a-t-elle jamais respecté? Elle s'en est toujours moquée comme de sa première chemise. En 1975, Mgr Lefebvre considérait illégale la suppression de la FSSPX par Mgr Mamie, évêque de Fribourg. Or, vingt-sept ans après (mieux vaut tard que jamais), dans sa biographie du prélat d'Ecône, Mgr Tissier de Mallerais reconnaît à demi-mot que l'argumentation juridique et canonique du fondateur de la FSSPX ne tenait pas la route. Etant une oeuvre de droit diocésain autorisée pour une durée de six ans, la FSSPX pouvait parfaitement être supprimée à tout moment par l'évêque diocésain qui avait tout pouvoir pour le faire. Ce qu'il a d'ailleurs fait dans les formes, en parfait accord avec le Saint-Siège. 
 
La seule solution logique aurait été de dire : on ne vous obéit pas puisque vous n'avez aucune autorité. Vous êtes évêque de la Contre-Eglise de Vatican d'Eux et non de la Sainte Eglise catholique. 
 
Mais comme Mgr Lefebvre avait signé absolument tous les documents du conciliabule VII, y compris celui sur la liberté religieuse, il lui aurait fallu renier publiquement sa signature. C'était beaucoup lui en demander. Remarquez par la suite il a fait croire contre l'évidence qu'il n'avait jamais signé ni Dignitatis humanae ni Gaudium et Spes. Là aussi, une génération après, Mgr Tissier rétablit la vérité. Douloureuse à entendre, il est vrai. 
 
En effet, demander à la direction passée (et plus encore) présente de la FSSPX d'être courageuse,logique et conséquente dans ses choix et ses décisions, c'est comme demander à un footballeur professionnel de parler correctement le français : ça n'arrive jamais! 
On n'est jamais déçu avec les [ mot modéré constituant une injure] ; ça se passe comme ça, non pas à Mac Donald's comme dit la pub' mais à la FSSPX! Avec elle c'est tous les jours Guignol, le sourire, la compétence et le talent en moins, la suffisance en plus ! 
 
A la place de Paul VI et de Jean-Paul II j'aurais rêvé d'avoir de tels opposants, je les aurais financés au besoin. Pensez ! Voilà des gens qui reconnaissent publiquement mon autorité de vicaire du Christ et chassent impitoyablement de leur sein ceux qui logiquement la rejettent, qui admettent la validité de la nouvelle messe et des nouveaux sacrements, qui acceptent même Vatican II à la lumière de la Tradition et qui brûlent de trouver un accord, au moins pratique, avec moi. C'est t'y pas merveilleux des opposants pareils! Des agneaux, on vous dit! Mais on en créerait sur mesure des loustiques pareils! 
 
D'aileurs, regardez l'abbé DVD, il nous dit que si Jean-Paul II a embrassé publiquement le Coran, c'est par un trop plein d'amour pour les musulmans. Même certains conciliaires n'auraient pas osé, qu'importe, l'abbé DVD , lui l'a fait! Chapeau bas, l'abbé! Si avec ça, on ne vous trouve pas une petite incardination bien proprette dans un diocèse bien tranquille, c'est à désespérer, n'est-il pas? 
Voilà où mènent trente-cinq ans de FSSPX : en arriver à défendre ou en tout cas à minimiser le geste infâme de Jean-Paul II. 
 
Ah ils sont beaux nos défenseurs de la foi! L'oeuvre bénie de Dieu qu'on vous dit. Celle qui va sauver l'Eglise. 
 
T'as qu'à croire, Grégoire! 
 
Petrus. 

A Morgane : sincèrement désolé pour dimanche mais, de vous à moi, j'ai été malade comme un chien toute la journée et je vous asure que je ne mens pas. Quoi? J'entends des liseurs qui disent que c'est bien fait. Pas sympas, les gars mais je vous pardonne. C'est Carême, quoi!

Une idée pour les "mutins"?

Certains liseurs, dont le regretté Jonas, ont reproché à l'abbé DVD et à Don Quichotte, de ne pas révéler leur véritable identité. Ce à quoi les défenseurs des deux abbés, nombreux sur le FC, ont fait valoir que ce serait trop dangereux pour eux et qu'ils risqueraient de se faire exclure de la FSSPX. 
 
Idée de Petrus : puisque l'abbé DVD nous dit que près de 80% des prêtres du district de France n'approuvent pas les décisions de Mgr Fellay, pourquoi alors ne pas faire une pétition publique avec les noms des dizaines de prêtres qui refusent ces décisions et qui appelleraient solennellement le supérieur général à réintégrer les clercs chassés? 
 
Pensez-vous que Mgr Fellay oserait chsser d'un coup 10, 20, 30 ou 50 prêtres? Ce n'est guère pensable. 
 
Et quand bien même n'y en aurait-il qu'une petite dizaine à signer cette pétition en France et à l'étranger,croyez-vous que Mgr Fellay oserait exclure une petite dizaine de prêtres qui appellent seulement à la clémence? 
 
Avouez que l'entreprise mériterait au moins d'être tentée. 
 
Si Mgr Fellay cède, c'est gagné. Il se montre magnanime et les abbés "mutins" rentrent aussitôt au bercail. 
 
Si Mgr Fellay exclut à tour de bras, il achève de se discréditer, ruine le peu d'autorité qu'il lui reste et ouvre la voie ou à un chapitre général extraordinaire pour le remplacer ou à une scission très importante. 
 
Mais bien sûr pour penser et tenter une telle opération, au fond pas si extraordinaire ni héroïque, il faut un tant soit peu de courage, du panache, de la fermeté de caractère, de la suite dans les idées. Toutes dispositions d'esprit qui font cruellement défaut depuis l'origine à l'organisation écônienne. 
 
Mais après tout il est toujours possible de changer, non? 
 
Même si pour ma part je n'y crois pas une seconde, connaissant la bête! 
 
Cependant à vos paris, amis liseurs! 
 
Petrus.

samedi 5 mars 2005

La FSSPX dans ses (basses) oeuvres !

L’(avez-vous remarqué, chers amis liseurs, la position de la FSSPX sur tous les sujets tient de l’équilibrisme (pour être gentil), de la schizophrénie (pour être juste). 

Elle rejette la nouvelle messe dont elle conteste l’orthodoxie doctrinale mais elle en reconnaît la validité. Comme si Notre-Seigneur pouvait se donner en nourriture dans une synaxe qui, selon les mots mêmes de Mgr Lefebvre, « favorise l’hérésie » et est « un poison qui fait perdre la foi » (Mgr Fellay). 

Elle rejette Vatican II tout en le considérant comme un vrai concile oecuménique de l'Eglise catholique régulièrement convoqué par Jean XXIII et tout aussi régulièrement promulgué par Paul VI. 

Elle rejette tous les nouveaux rites sacramentels. Elle ne les utilise donc pas mais elle en reconnaît la validité. Au moins théorique car il n’est pas rare qu’elle refasse faire sub conditione des confirmations d’enfants et d’adultes déjà « confirmés » dans le nouveau rite et réordonne, sous condition également, des prêtres ordonnés dans le nouveau rite qui la rejoignent ou se rapprochent d’elle. Toutes choses que soit dit en passant elle ne pourra plus faire en cas de ralliement. On m’a même raconté que, il y a quelques années, Mgr Williamson aux Etats-Unis avait réordonné un prêtre ordonné dans le nouveau rite par Jean Paul II car des fidèles n’avaient pas confiance pour se confesser à lui et communier à sa messe. C’est-à-dire que la FSSPX a réordonné un prêtre ordonné par celui qu’elle reconnaissait publiquement comme le vicaire du Christ ! Et rappelons-nous la lettre de Mgr Tissier à propos de Mgr Lazo qui, sacré évêque dans le nouveau rite, devait s'abstenir de confirmer dans le cadre de la FSSPX ! 

Elle refuse de se servir du Catéchisme dit de l’Eglise catholique de Jean Paul II comme du Compendium de Benoît XVI mais elle reconnaît que ces catéchismes ont été régulièrement promulgués par l’autorité suprême. Idem pour le code de droit canon de 1983. Comme si un vrai pape pouvait promulguer pour l’Eglise universelle un catéchisme ou un code de droit canon qui contienne des erreurs ou des hérésies ! 

Elle fait le tri dans les béatifications et les canonisations des pontifes conciliaires. Elle accepte celles qui lui plaisent et que de son autorité infaillible elle juge valables (la canonisation des petits bergers de Fatima, de Padre Pio au point de donner le nom de « saints » faits par Jean-Paul II à plusieurs de ses écoles) et elle rejette ou met en doute celles qui lui déplaisent ou la défrisent (particulièrement celle de Mgr Escriva de Balaguer, fondateur de l’Opus Dei). 

Elle reconnaît Paul VI, Jean Paul II, Benoît XVI comme vraiment Papes, vrais successeurs de Pierre, vrais Vicaires du Christ sur la terre, vrais dépositaires du pouvoir de Pierre mais, en même temps, selon la FSSPX, ces papes se tromperaient quand ils enseignent la doctrine, quand ils écrivent des encycliques, quand ils célèbrent quotidiennement la messe, quand ils promulguent une loi universelle comme le nouveau code de droit canon (1983) ou le nouveau catéchisme (1992) ou le Compendium (2005), quand ils suspendent a divinis comme Paul VI un évêque qui ordonne des prêtres contre leur volonté explicite et réitérée (1976), quand ils excommunient comme Jean-Paul II des évêques consacrés contre leur ordre formel et répété (1988), quand ils canonisent des saints comme Mgr Balaguer, quand ils permettent sous condition la célébration de la messe tridentine… mais ils sont papes et qui le nie est l’ennemi mortel d’une FSSPX confondue avec l’Eglise ! 

Donc pour se sauver il faut désobéir en tous à ces pontifes tout en les considérant comme la tête de l’Eglise. Voilà l’étrange théologie de la FSSPX. Voilà ce que l’on nous présente comme l’œuvre à laquelle, disait Mgr Lefebvre, « le Bon Dieu va donner l’arche d’Alliance du Nouveau Testament » (cf. préface de l’abbé de Cacqueray dans le livre Vatican II et l’Evangile de l’abbé de Tanoüarn), le "roc sur lequel s'édifie l'avenir de l'Eglise" (abbé Aulagnier dans La Tradition sans peur). 

Face à ces positions ubuesques et plus qu’hétérodoxes, nous citerons Vatican I qui rappelle qu’au pape l’on doit « vraie obéissance, non seulement dans les choses qui concernent la foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui appartiennent à la discipline et au gouvernement de l’Eglise » (Pastor Aeternus). Boniface VIII enseigne pareillement : « Nous déclarons, disons et définissons qu’il est absolument nécessaire au salut pour toute créature humaine (même si elle est traditionaliste, ajouterions-nous !) d’être soumise au Pontife romain » (Unam sanctam). 

Le choix est donc clair : soit les pontifes conciliaires sont papes et il faut leur obéir, y compris en allant à la messe qu’ils ont promulguée et qu’ils disent tous les jours, ainsi que tous les évêques de l’Eglise latine en communion avec eux, soit ils ne le sont pas et il faut le démontrer, le dire publiquement et en tirer toutes les conséquences. 

Tertium non datur. 

Dans tous les cas, la voie choisie contre vents et marées par la FSSPX n’est pas acceptable ni moralement, ni intellectuellement ni doctrinalement. Elle est une escroquerie, une imposture, une monstrueuse boursouflure. Et il serait somme toute logique que, née de l'église conciliaire dont elle incarne le flanc le plus à droite, grandie en son sein, elle y retourne totalement par la voie du ralliement comme le chien de l'Ecriture retourne à ses vomissures. D'ailleurs, en terme de chiens, elle s'y connaît puisqu'elle les envoie sans pudeur à ses propres prêtres quand ils sont jugés récalcitrants ou trop libres. Car comme toutes les sectes, toutes les mafias, tous les gangs, elle n'a besoin que de petits kapos sans foi ni loi, de cyniques ne croyant en rien d'autre qu'en leur propre petit pouvoir, d'indics multipliant les menaces, les calomnies et les intimidations comme au bon vieux temps de l'Union soviétique, de petits soldats fanatisés suintant la haine, refusant obstinément la controverse doctrinale et le débat d'idées. 

En effet, un médiocre, un imposteur ne peut imaginer que l'on puisse être désireux de chercher la vérité et de s'y soumettre si l'on pense, sincèrement l'avoir (un peu) trouvée. Il projette sur les autres ses propres turpitudes. N'étant animé que par la haine, l'esprit de parti, étant au service du gang auquel il appartient et qu'il sert sans réserves et sans scrupules, il ne peut concevoir que l'on puisse agir avec sincérité, honnêteté et conviction. 

Pauvre, oui pauvre FSSPX ! 

Petrus.