vendredi 11 mars 2005

Non, trois fois non à la Constitution européenne

Le dimanche 29 mai, jour de la Fête-Dieu, les Français seront consultés sur le traité de Bruxelles signé à Rome par les vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement le 29 octobre 2004. Nous n'entrerons pas ici dans le détail juridique et technique de ce traité constitutionnel mais nous nous arrêterons sur ce qui nous semble le plus grave dans ses dispositions et dans ses conséquences. 

Il faut dire d'abord que ce traité couronne un demi-siècle d'abdication de la souveraineté et de l'indépendance nationale. Ce que l'on a appelé la construction européenne a été en fait une machine de guerre pour détruire les nations et un cheval de Troie du mondialisme. C'est si vrai qu'il ne s'agit pas même de construire l'Europe (et d'ailleurs quelle Europe?) mais une sorte d'ONU régionale puisqu'il est sérieusement question d'intégrer la Turquie et demain, dit-on, Israël et les pays du Maghreb. 

On s'interroge sur l'opportunité de faire adhérer à l'Union européenne un pays de culture et de religion mahométane, mais si l'Europe était restée chrétienne la question ne se poserait même pas. C'est l'apostasie de nos nations qui précipite la victoire de l'islam. Au reste, dans l'histoire, Dieu a souvent utilisé l'islam pour punir les hérésies, les schismes, les scandales. Que l'on songe aux chrétientés orientales sensibles aux hérésies christologiques en grande partie décimées par la conquête islamique ou plus près de nous à la chute de Constantinople aux mains jusque-là des schismatiques orthodoxes. 

Mais ce qui a frappé beaucoup de monde, c'est le refus obstiné de la plupart des chefs d'Etat européens, au premier rang desquels l'inénarrable Jacques Chirac, d'introduire dans le préambule à la Constitution européenne une référence au christianisme. Or sans christianisme point d'Europe! Et pourtant c'est bien ce qui s'est produit : il n'est aucune mention du christianisme (je ne parle même pas du catholicisme) dans ce document destiné à devenir le texte fondamental qui devra régir la vie de plusieurs centaines de millions d'Européens. C'est bien la preuve que l'Union européenne est un club anti-chrétien. Ce serait déjà une raison suffisante de rejeter catégoriquement ce traité. 

Mais il y a plus comme en témoigne l'affaire Rocco Buttiglione, du nom de cet homme politique italien qui a dû renoncer à siéger dans la commission de Bruxelles à cause de propos jugés "homophobes". Qu'avait dit en substance ce démocrate-chrétien,proche de Jean-Paul II ? Une phrase, une seule, qui a suffi à l'exclure du jeu politique européiste : "en tant que chrétien je considère que l'homosexualité est un péché". 

Il ne s'agissait donc pas d'une attaque contre les personnes homosexuelles auxquelles bien sûr nous devons compassion et charité mais d'une réflexion de chrétien sur ces moeurs objectivement contre-nature et dont le catéchisme de saint Pie X enseigne qu'elles crient vengeance devant Dieu. 

Tel est donc leur Europe : l'Europe du vice, de l'apostasie, du mensonge, de l'imposture et de la destruction. 

Au reste, dans la charte incluse dans la Constitution européenne, est intégré un article qui punit toute discrimination en fonction du sexe et de l'orientation sexuelle. Qu'est-ce à dire sinon qu'il sera légalement impossible de s'opposer au mariage gay, à l'adoption pour les couples homosexuels et à l'insémination artificielle pour les lesbiennes ? Le lobby rose a d'ailleurs trouvé l'arme thermonucléaire pour annihiler toute résistance à ses projets délirants : le concept d'homophobie. Née outre-Atlantique, cette notion aussi vague qu'indéfiniment extensible permet de pointer du doigt toute personne et tout groupement suspect de ne pas adhérer d'enthousiasme à toutes les folies de la mafia gay. 

J'aurai l'occasion dans un prochain post, si Dieu me prête vie et XA l'hospitalité du forum, de retracer par le menu les différentes étapes de cette offensive homophile qui sape les fondements de notre civilisation et s'attaque à la racine de la loi naturelle. Qu'il soit seulement permis de dire dès aujourd'hui que nous entrons dans de nouvelles Sodome et Gomorrhe et que l'on peut être légitimement inquiet pour l'avenir de nos sociétés. 

Quoi qu'il en soit, cette Constitution européenne couronne cette révolution morale, sociétale, promeut officiellement l'inversion des moeurs. C'est la deuxième raison de s'y opposer fermement. 

Enfin, cette Constitution parachève la dissolution de notre patrie dans un grand magma dont on ne connaît ni les limites géographiques (sans cesse repoussées) ni l'exacte finalité (qui de toute façon n'est pas chrétienne) ni les véritables maîtres, même s'il est permis de se faire une idée. 

En l'espace de seulement quelques années, nous avons été complètement dépossédés : de nos frontières (ce qui favorise une immigration planétaire sans seuil quantitatif ni tri qualitatif), de notre législation (sait-on assez que 80% des lois et des règlements sont édictés par Bruxelles?), de notre monnaie, le franc, notre compagnon de route depuis Jean II le Bon (1360, six cent quarante-deux ans de bons et loyaux services rayés d'un trait de plume!) alors même que nous étions le seul pays au monde dont la monnaie portait le nom et dont le nom était une vertu. Franc, cela veut dire libre, mais aussi franc, ouvert, honnête, loyal. Autant de dispositions d'esprit et de vertus qui n'ont quasiment plus court dans notre monde fondé sur le mensonge, la tricherie, la duplicité et l'imposture. On comprend dans ces conditions qu'un aussi beau mot que le franc n'ait plus droit de cité dans notre pays réduit en esclavage. Mais notez, chers liseurs du FC, que le symbole est très fort : aux enfants des écoles l'on apprend désormais à compter en monnaie d'occupation et non plus en monnaie nationale. Si j'osais cette métaphore puisée de l'informatique, je dirais que sur le disque dur des cerveaux des petits Français, il s'agit d'imprimer qu'ils sont des européistes, des citoyens du monde et non des fils de France. De même le drapeau national est-il relégué au second plan derrière l'emblème européiste dans le rang protocolaire. Et là aussi le symbole est significatif : tandis que traditionnellement le dictionnaire Larousse plaçait le drapeau français en tête, il est désormais relayé à la soixantième place entre la Finlande et le Gabon! 

Nous n'avons plus ni frontières ni monnaie et l'on veut encore nous voler notre âme. D'où la pornographie qui s'étale partout dans les rues, dans les kiosques à journaux, dans les affichages publicitaires, à la télévision et sur Internet. Si l'on pouvait détruire à jamais l'innocence et la pureté, on le ferait sans hésiter. Et c'est pourquoi l'on s'en est pris d'abord aux enfants et aux femmes qu'il s'agit de pervertir, de souiller au nom de l'émancipation et de la liberté sexuelle. 

L'Union européenne promeut partout l'avortement et plusieurs pays de l'Union ont déjà légalisé l'euthanasie. On s'en prend ainsi aux deux bouts de la vie : les foetus sont avortés et les vieillards euthanasiés. L'on s'en prend même aux morts en profanant leurs tombes dans les cimetières, en permettant à une science devenue folle et qui n'est que ruine de l'âme de déterrer pour un oui ou pour un non des cadavres et de les triturer en vue de peu ragoûtantes expérimentations médicales. 

Et déjà l'on nous parle du clonage humain, d'abord thérapeutique, ensuite reproductif tandis que des journaux régionaux ont fait état l'année dernière pour la première fois en France de plusieurs cas de cannibalisme (l'un de plein jour dans une rue fréquentée du centre ville de Périgueux, l'autre en prison). 

Tel est le meilleur des mondes dans lequel nous entrons. Un monde où l'air manque à nos poumons. 

Et pourtant dans cet univers kafkaïen où plus rien ne semble avoir de sens, où il nous semble être arrivé au bout de tout, le Bon Dieu nous a donné de vivre. Ce qui a forcément un sens. Aussi devons-nous nous battre. D'abord hic et nunc contre ce projet mortifère de Constitution européenne, même si la bataille est loin d'être gagnée d'avance et même si l'on peut être sûr que les tenants du système utiliseront tous les moyens (je dis bien : tous les moyens) pour obtenir l'adhésion majoritaire du corps électoral. Rappelons-nous qu'en septembre 1992 François Mitterrand avait mis au dernier moment sa prostate et son cancer dans la balance pour apitoyer les électeurs et obtenir d'eux le oui à l'infâme traité de Maastricht. 

Au-delà de cette bataille nécessaire contre la Constitution européenne mais circonscrite dans le temps et dans l'espace, dans les ruines qui partout s'accumulent, ruine du langage, ruine du savoir, ruine de la vérité, ruine de la vertu, dans les ténèbres qui ont tout recouvert, alors qu'humainement tout semble perdu, que les forces dites de résistance semblent elles-mêmes en train de sombrer, que la victoire de Satan apparaît totale, que plus rien ne tient debout, que l'avenir semble complètement bouché, que le pessimisme le plus total nous étreint, que l'on est vit dans une sorte de sauve-qui-peut général, reste à cultiver la belle vertu théologale d'espérance. 

Magnifique disposition d'esprit dont Bernanos nous dit qu'elle est un désespoir surmonté, dont Péguy écrit qu'elle est cette petite fille qui marche entre ses deux soeurs aînées, la Foi et la Charité et qui, apparemment toute fluette, toute timorée, finit par tout embraser, tout irradier pourvu qu'on la fasse sienne. Et c'est l'Apôtre lui-même qui nous enseigne qu'il faut espérer contre l'espérance même. N'est-ce pas le moment où jamais de cultiver cette vertu surnaturelle (qui n'a rien à voir ni avec l'optimisme, "l'espérance des imbéciles", toujours selon le grand Bernanos, ni avec l'espoir, laissons-le à Malraux) au moment où tout semble se dérober sous nos pieds pour poursuivre notre pèlerinage en vue du Ciel? Et à cette fin n'est-il rien de plus nécessaire, rien de plus beau, rien de plus légitime que d'aimer charnellement cette terre de France d'où nous venons et où nous retournerons, simples maillons d'une chaîne ininterrompue d'êtres qui naissent, aiment, souffrent et meurent, que d'en aimer les calvaires et les clochers, les églises et les chapelles, les sentiers qui serpentent sur la montagne, les vallons où se blottissent de charmants hameaux? 

Après tout, qu'est-ce que la religion chrétienne sinon un Dieu qui s'incarne? Ce n'est pas un hasard si Notre-Seigneur a choisi les éléments les plus naturels, les plus simples pour en faire des canaux de la grâce : le pain, l'eau et le vin. Notre religion est une religion de l'incarnation, de la vie et de la vérité. L'on comprend qu'elle se heurte de front à un monde désincarné qui promeut même une contre-incarnation, celle du diable, celle du virtuel, du fictif, du frelaté et du faisandé, celle du mensonge, de la mort et de la destruction. 

Alors, oui, sans doute, plus que jamais, il nous incombe de faire sienne cette belle vertu d'espérance en gardant certes les pieds sur terre mais en gardant le coeur brûlant, l'âme ardente et les yeux levés au Ciel. Ce Ciel qui est notre destination ultime, à laquelle nous ne pensons sans doute pas assez pour la plupart d'entre nous et où pourtant je nous souhaite et je vous souhaite, chers liseurs du FC, que nous nous retrouvions tous un jour dans l'immense cortège des héros, des martyrs et des saints de tous les temps, avec les anges, les archanges, la Sainte Vierge, saint Joseph, les Apôtres et Notre-Seigneur régnant en gloire et en majesté pour l'éternité. 

Petrus.