Bien sûr, Victor. Il y a même des textes faisant le
panégyrique du nouvel Athanase du XXe siècle.
Jugez plutôt ces deux textes d'un clerc de la FSSPX:
Texte A : accord avec Benoît XVI.
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi
soit-il.
Mes biens chers frères.
Gaudete in Domino : Réjouissez-vous dans le Seigneur. Oui,
mes biens chers frères, jamais sans doute cette adresse de l'Apôtre Paul aux
Philippiens n'a été aussi vraie qu'aujourd'hui. A n'en pas douter, nous vivons
de grands jours. Une immense joie nous étreint. Une infinie reconnaissance
aussi. La Tradition enfin reconnue par Rome, mes frères. La Tradition rétablie
dans ses droits sans concession, sans faux-semblants, sans repentance. La messe
traditionnelle hier outragée, piétinée, abusivement interdite, aujourd'hui
libérée, aujourd'hui glorifiée. Le missel de saint Pie V enfin autorisé , mieux
réhabilité, remis en honneur pour tous les prêtres catholiques qui souhaitent célébrer
selon la messe de toujours, celle qui a sanctifié des générations entières,
celle des saints, des apôtres, des martyrs, des confesseurs de la foi.
Mais ce n'est pas tout, mes frères, le combat que nous
menons depuis plus de trente ans est enfin reconnu. Les injustes
excommunications qui freinaient notre apostolat, handicapaient nos missions
sont levées sans aucune rétractation de notre part. Ah, chers amis, comme nous
sommes heureux de nous retrouver cum Petro et sub Petro, dans la pleine et entière
communion avec notre vénéré pape Benoît XVI.
Dès son élection, un immense vent d'espérance s'était levé
sur l'Eglise. Nous n'avons pas été déçu. Deo gratias. Le pape nous a reçu avec
beaucoup de chaleur, de sympathie. Il nous a félicité pour notre attachement à
la Tradition bimillénaire de l'Eglise et a souhaité que nous l'aidions dans sa
tâche pour relever, redresser la barque de Pierre qui prend l'eau de toutes
parts.
Pouvions-nous refuser, biens chers fidèles, cette main
tendue, cette voix suppliante du Souverain Pontife ? Quel catholique digne de
ce nom pourrait rester sourd à l'appel du doux Christ sur la terre, au Père
commun des chrétiens, à celui qui est la tête, le roc et le fondement de
l'Eglise, qui a l'assistance du Saint-Esprit et le charisme d'infaillibilité,
qui est la source de toute juridiction et le principe d'unité des catholiques ?
D'autant que notre chère Fraternité Saint-Pie X conserve
toutes ses prérogatives. Nous gardons intactes, mes biens chers frères, les
chapelles de la Tradition et nous aurons bientôt des églises avec la pleine et
entière autorisation de l'Ordinaire. Nous gardons les écoles de la Tradition
avec leur rayonnement, et leur 98% de réussite au baccalauréat dont une
majorité de mentions (les écoles FSSPX, ça marche !), nous gardons nos
prieurés, mes frères, que nous avons construits, achetés, restaurés grâce à vos
deniers, à votre générosité. Merci, bien chers fidèles, et surtout ne relâchez
pas vos efforts.
Mieux, nous sommes érigés en Administration apostolique ce
qui nous protège des compromissions avec les modernistes, garantit notre
spécificité liturgique et disciplinaire. Nous échappons au contrôle de l'évêque
du lieu, ne dépendant que d'un cardinal nommé par le pape et chargé de la
sauvegarde de nos intérêts.
Cette victoire extraordinaire, inespérée il y a encore peu
de temps, nous savons que nous la devons à notre vénéré fondateur, Mgr
Lefebvre, le nouveau saint Athanase, le nouveau saint Pie X, le saint évêque
prédit par la Vierge de Quito et sans lequel rien n'aurait été possible.
Comment ne pas voir dans ce succès de la Tradition, bien
chers fidèles, la puissante intercession de Mgr Lefebvre et comment ne pas voir
pareillement un signe de la Providence dans cet accord avec Rome l'année même
du centième anniversaire de la naissance de notre saint fondateur.
Oui, mes frères, remercions Monseigneur, prions-le avec
ferveur. C'est grâce à lui que cette reconnaissance pleine et entière de la
Tradition a été possible. C'est le succès personnel du saint archevêque.
Dédions-lui, offrons-lui cette victoire. Car c'est sa démarche qui a été
couronnée de succès. Lui qui toute sa vie a été un évêque romain. Lui qui n'a
jamais voulu rompre les liens avec Rome, au point de signer tous les textes de
Vatican II, de prôner au concile l'abandon de la soutane et l'usage de la
langue vernaculaire dans la liturgie, lui qui fut convaincu jusqu'à sa mort que
Rome reviendrait un jour à la Tradition, que le Pape rétablirait dans tous ses
droits la Tradition. Il n'a jamais douté, même aux pires heures de sa vie. Il a
toujours voulu maintenir le contact avec le Saint-Père, demandant à ses prêtres
de se dire en communion avec lui chaque jour au canon de la messe, de chanter
l'Oremus pro pontifice lors des salut du Saint-Sacrement, de prier pour lui
lors du chant de la litanie des saints, aux Rogations, à la veillée pascale,
dans les prières liturgiques du Vendredi saint.
Il a exigé de ses séminaristes qu'à la veille du
sous-diaconat, du diaconat et du sacerdoce, ils signent par trois fois une
déclaration de fidélité et de soumission à Jean-Paul II reconnaissant son
autorité suprême sur l'Eglise catholique, son pouvoir d'ordre et de juridiction
universelle et immédiate sur tous les clercs et sur tous les fidèles.
Monseigneur a d'ailleurs rencontré Paul VI puis Jean-Paul
II. Il a signé le 5 mai 1988 un protocole d'accord avec le cardinal Ratzinger
et ce n'est qu'après beaucoup d'hésitations, et la mort dans l'âme, qu'il a dû
retirer sa signature le lendemain après avoir passé une nuit blanche. Non pour
des raisons doctrinales mais simplement parce que Monseigneur voulait être sûr
que la Tradition fût rétablie dans ses droits. C'est pourquoi il voulait une
date certaine pour la consécration de l'évêque, que par sécurité il voulait
même plusieurs évêques et il tenait à avoir la majorité des membres dans la
commission romaine qui devait s'occuper de notre tant aimée Fraternité. Et puis
les tentes avaient déjà été louées pour le 30 juin. Pouvait-on décemment
annuler une cérémonie alors que les gens avaient déjà réservé l'hôtel près
d'Ecône?
N'en doutons pas, mes biens chers frères, du Ciel où il
règne en majesté avec Notre-Seigneur, la Vierge et les Saints, Monseigneur nous
voit. Je suis sûr qu'il nous sourit. Rappelez-vous, mes frères, ce beau sourire
de Mgr Lefebvre. C'était déjà un coin de paradis sur la terre. Comme il doit
être heureux aujourd'hui. Quel grand jour pour lui, pour l'Eglise, pour
Notre-Seigneur ! Quelle reconnaissance nous lui devons ! N'hésitez pas à
appeler vos enfants Marcel. Nul doute qu'avec un tel saint patron ils seront
protégés, bénis, exaucés !
Certes, comme toujours ici-bas, notre joie n'est pas
parfaite. Quelques prêtres et quelques fidèles, heureusement peu nombreux, nous
ont quittés, refusant cette réconciliation avec Rome. Il faut beaucoup les
plaindre car ils mettent leur âme en grand danger. Ils sont schismatiques, ils
sont excommuniés. Certains sont même tentés par le sédévacantisme, un poison
épouvantable contre lequel nous n'avons cessé de lutter. Priez pour eux. Si
vous en connaissez, essayez de les ramener au port de la vérité et du salut, au
sein de notre chère Fraternité qui reste le roc sur lequel s'édifie l'avenir de
l'Eglise, l'arche par laquelle la Tradition est conservée, revivifiée.
Quelle grâce, mes amis ! Quelle grâce ! Remercions la
Sainte-Vierge à laquelle Monseigneur vouait un culte particulier. Et saint
Joseph, son très chaste époux. Et les saints anges qui se réjouissent avec nous
dans le ciel.
Gaudete in Domino : Réjouissez-vous dans le Seigneur.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi
soit-il.
Texte A' : absence d'accord avec Benoît XVI.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.
Mes biens chers frères,
Judica Domine nocentes me expugna impugnantes me :
apprehende arma et scutum et exsurge in adjutorium meum, Domine, virtus salutis
meae ? Jugez, Seigneur, ceux qui me font du mal ; combattez ceux qui me
combattent. Prenez vos armes et votre bouclier, et levez-vous pour me secourir,
Seigneur, vous dont la force est mon salut.
Comme elles sont d'une brîlante actualité, mes amis, ces
paroles du psalmiste. Savez-vous que c'est là l'introït de la messe du lundi
saint, le jour même où notre vénéré fondateur a rendu l'âme et est allé au
Ciel, le lundi 25 mars 1991 ?
Il faut relire les oraisons et les lectures de cette messe
tant elles sont miraculeusement adaptées à ce que nous vivons aujourd'hui :
" j'ai livré mon corps à ceux qui me frappent et mes joues à ceux qui
m'arrachaient la barbe ; je n'ai pas détourné mon visage de ceux qui me
couvraient d'injures et de crachats " écrit le prophète Isaïe. Et le
graduel, mes frères : " Levez-vous, Seigneur, pour me rendre justice, mon
Dieu et mon Seigneur, pour défendre ma cause. Tirez l'épée et frappez ceux qui
me persécutent ". Et la secrète : " Arrachez-moi à mes ennemis,
Seigneur ; je me suis réfugié auprès de vous ". Et la communion : "
Qu'ils soient confus et confondus tous ensemble, ceux qui se réjouissent de mes
maux ; qu'ils soient couverts de honte et de confusion ceux qui disent du mal
contre moi ".
Oui, mes frères, méditez bien ces textes du missel. Car le
combat de notre vénéré fondateur n'est pas terminé. Le temps n'est pas encore
venu d'une pleine reconnaissance de la Tradition par Rome. Au contraire, plus
que jamais, nous avons affaire à la Rome néo-moderniste et néo-protestante que
dénonçait Monseigneur.
Pouvions-nous, mes frères, décemment accepter un accord avec
un pape imbu de modernisme, de philosophie hégélienne, qui répète sans cesse
qu'il continue l'œuvre de son prédécesseur, qu'il entend appliquer fidèlement
Vatican II ?
Mais cela, mes frères, nous ne pouvons pas l'accepter.
Oserions-nous nous regarder dans une glace si nous avions cédé aux sirènes du
modernisme, du ratzinguérisme ? Oh bien sûr on nous proposait la liberté pour
la messe traditionnelle, on nous proposait de nous ériger en administration
apostolique. On était prêt à lever notre excommunication. Oui, mais à quel prix
mes frères ? Le silence sur Vatican II ! Le silence sur ces abominables et
grotesques JMJ ! Le silence sur la visite à la synagogue de Cologne ! Sur la
risette aux musulmans ! Sur l'œcuménisme avec les protestants, les anglicans et
les orthodoxes ! Non possumus, mes frères. Nous ne pouvons, nous ne voulons
avoir aucune part, nullam partem, avec les ennemis de Notre-Seigneur, ceux qui
nient la virginité perpétuelle de la Sainte-Vierge, ceux qui nient la divinité
de Notre-Seigneur, son Incarnation, sa Résurrection, ceux qui rejettent le Dieu
trinitaire.
Quelle différence, biens chers fidèles, y a-t-il entre
Benoît XVI et Jean Paul II ? Le premier n'a-t-il pas été le principal et dévoué
collaborateur du second pendant un quart de siècle ? N'est-il pas à l'origine
de l'excommunication de Monseigneur ? N'a-t-il pas été à Vatican II l'un des
théologiens les plus modernistes ? Et qu'est-ce que cette grotesque réforme de
la réforme ? Nous voulons la messe tridentine sans arrangement, sans
combinazione, sans combinaison sordide. De Dieu on ne se moque pas.
Notre combat, notre mission historique, ce n'est pas
seulement ceux de la messe. C'est d'abord et avant tout ceux de la foi, de la
foi catholique, mes frères. Que nous défendons dans son intégrité. Dans sa
pureté doctrinale. Sans tache. Sans aggiornamento. Sans habile synthèse hégélienne.
Si nous avions signé l'accord que l'on nous proposait, en
quoi aurions-nous été différents du Barroux, de la Fraternité Saint-Pierre, de
l'Institut du Christ-Roi, de Campos ? Que serait devenue notre chère Fraternité
? On ne dialogue pas, mes frères, avec le modernisme. On lui fait face. On le
combat de manière frontale.
Alors, certes, nous restons excommuniés et schismatiques.
Mais excommuniés par qui ? Par un pape qui vante tous les ennemis de la sainte
Eglise, qui préside d'indignes cérémonies liturgiques, qui refuse le règne
social de Notre-Seigneur, qui détruit l'Eglise avec son œcuménisme libéral, ses
initiatives interreligieuses désastreuses, son droit de l'hommisme maçonnique.
Non, non, mes frères, nous n'avons rien à voir avec ces gens-là.
Remercions notre fondateur qui du Ciel où il règne en
majesté avec Notre-Seigneur, la Vierge et les saints veille sur nous et nous a
donné la force de résister à ce qui aurait été le suicide de la Tradition, de
ses écoles, de ses chapelles, de ses prieurés. Comment ne pas voir qu'en cette
année où nous fêtons le centenaire de la naissance du nouvel Athanase, du
nouveau saint Pie X, du nouveau saint Paul résistant à Pierre Monseigneur a
intercédé avec une puissance toute particulière pour que le Saint-Esprit nous
éclaire afin de ne pas mettre en danger notre chère Fraternité à qui le Bon
Dieu a donné l'Arche d'alliance du Nouveau Testament et qui reste l'instance
critique de l'église conciliaire ? Remercions Monseigneur de son intercession,
de sa puissance tutélaire. Prions Dieu de nous aider à rester fidèles à son
message, à sa voie, à son exemple. Car il y a en chacun de nous un Dom Gérard
qui sommeille, un Père Rifan qui nous hante. Il faut lui opposer la force de la
prière et de la foi. Soyez vigilants mes frères car, comme le dit l'Apôtre
Pierre, le démon comme un lion rugissant rôde autour de vous, cherchant
quelqu'un à dévorer ; résistez-lui, forts dans la foi.
Puisque, comme le disait Mgr Lefebvre, " tous les
chaires à Rome sont occupées par des anti-Christ ", puisque, comme Mgr le
disait encore " un vrai successeur de Pierre ne peut se donner aux
réformes de Vatican II ", nous continuerons fermement et calmement notre
combat au service de l'Eglise et de la Tradition. Sans haine mais sans concession.
Nous appellerons un chat un chat et un moderniste un apostat doublé d'un
traître comme le disait le regretté père Calmel. Etre excommunié par des
modernistes, ce n'est pas une source de désolation mais au contraire un motif
de gloire. Nous porterons cette sentence injuste, invalide, criminelle comme
une palme, comme une décoration. Elle est la preuve que nous sommes dans le bon
combat.
Et puis nous aurons une pensée pour les prêtres et les
fidèles, heureusement peu nombreux, qui nous ont quittés et qui ont trahi le
bon combat pour céder aux sirènes de la facilité, du confort. Prions pour eux
car ils sont en grand danger. Essayez pour ceux que vous connaissez et sur
lesquels vous avez quelque influence de les ramener au port de la vérité et à
l'unité de la foi au sein de notre chère Fraternité qui, comme le disait Mgr
Lefebvre, a les notes d'unité, de sainteté, de catholicité et d'apostolicité
alors que l'église conciliaire ne les a évidemment pas, elle qui est
œcuménique, pluraliste, démocratique, ouverte à toutes les hérésies et qui ne
professe plus la foi des Apôtres.
Prions pour la conversion du pape et de toute la hiérarchie
moderniste du novus ordo.
Prions les uns pour les autres.
Sanctifions-nous bien en allant seulement aux messes de la
Fraternité, dans des centres de la Fraternité, en se confessant seulement à des
prêtres estampillés FSSPX. C'est une garantie inégalable. Nous n'avons rien à
voir ni avec les ralliés, les messes de l'indult qui sont une insulte comme
s'il fallait demander la permission à Dieu pour dire la messe de toujours, la
messe canonisée par le saint concile de Trente. Ni avec les ralliés qui sont
des traîtres et des lâches, dis-je, mais ni non plus avec les sédévacantistes
qui sont des schismatiques puisqu'ils sont coupés de Rome, qu'ils n'en
reconnaissent pas l'autorité, la légitimité. Alors que nous, suivant l'exemple
de Monseigneur, nous voulons rester romains. Sans Rome et même contre Rome s'il le faut mais romains ! Et nous restons unis au pape même à son corps défendant, à l'insu de son plein gré. Nous continuerons donc à chaque messe à nous dire en communion (una cum) avec Benoît XVI et avec l'évêque diocésain nommé par lui. C'est la seule façon de n'être pas schismatique tout en gardant la Tradition. C'est la voie étroite que nous a apprise notre fondateur et dont, grâce à Dieu, nous n'avons jamais dévié. C'est elle seule qui nous permettra d'aller au Ciel où nous retrouverons Notre-Seigneur, la Sainte Vierge, Saint Joseph, Mgr Lefebvre et tous les saints régnant en gloire et en majesté pour l'éternité.
Que Dieu et Monseigneur vous gardent, mes biens chers frères, dans la fidélité à Dieu, à l'Eglise et à la Fraternité, seule arche de salut.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Edifiant, n'est-ce pas, Victor ?
Petrus.