J'ai bien noté vos questions et objections qui méritent en effet réponse. Je vais m'employer à y répondre mais je vous propose, si vous le souhaitez, de reprendre longuement et point par point toutes vos remarques et interrogations lors des fameuses quarante-huit heures désormais imminentes sur le sédévacantisme où je serais d'ailleurs très heureux que vous participiez, ne fût-ce que pour poser des questions et émettre des objections, toujours stimulantes pour le débat.
Pour l'heure, je me contenterai de répondre à Baudelairec2000 que ce que je reproche radicalement à la FSSPX et à Mgr Lefebvre (d'où en effet la violence de ma charge), c'est précisément de ne pas avoir mené le bon combat. Je suis intimement convaincu que la Providence attendait de Mgr Lefebvre qu'il jetât l'anathème sur les modernistes, qu'il constatât publiquement la vacance du Saint-Siège depuis la mort de Pie XII (qui peut nier que tout va mal dans notre monde depuis 1960? Sans pape, le monde court à sa ruine!). Au lieu de cela, il a préféré la combinazione, la diplomatie. On ne lui demandait pas d'abord d'ordonner des prêtres mais de confesser la foi, de frapper à la tête. C'est pourquoi, dussé-je encore me faire beaucoup d'ennemis, je maintiens que le prélat d'Ecône a été objectivement le fossoyeur de la Tradition catholique. Et si la FSSPX comme c'est probable se rallie, la trahison sera complète.
Car, cher Eti, soyons sérieux, vous voyez la réalité non telle qu'elle est mais telle que vous voudriez qu'elle soit. Honnêtement qu'est-ce qui a concrètement changé dans l'église post Vatican II pour que l'on puisse comme vous le faites tout à coup se montrer si enthousiaste? Vous évoquez certains discours de Joseph Ratzinger mais vous omettez tous les autres qui vont dans le sens de la pleine adhésion à Vatican II, à la liberté religieuse. Ne savez-vous que le propre du moderniste est d'alterner les discours d'apparence orthodoxe et les déclarations hétérodoxes? Mais en fait vous le savez très bien, vous qui citez souvent Pascendi.
Je vais vous dire votre problème : vous êtes sincèrement révolté par le traitement infligé par Mgr Fellay à l'abbé Laguérie que vous chérissez et par conséquent vous vous sentez désormais plus proche du Vatican et des Ecclesia Dei que de la FSSPX. C'est votre liberté mais dites-le clairement. Vous êtes sur la voie du ralliement. Et pour justifier cette démarche, vous devez nier ou minorer la réalité de ce qu'est l'église conciliaire, ses scandales, son apostasie, ses hérésies.
Cher Baudelairec2000, vous me dites que Vatican I est plus complexe que je ne le prétends. Pardonnez-moi mais c'est la lecture dans le Denzinger de Vatican I qui m'a fait quitter il y a cinq ans (ce dont je me félicite tous les jours que Dieu fait) la position lefebvriste. Je rappelle en effet que Vatican I enseigne que tous les catholiques doivent obéir au pape en matière de foi, de moeurs, de discipline et de gouvernement. Ce qui est radicalement incompatible avec l'enseignement et la pratique de la FSSPX. Il est quand même affolant que la FSSPX, pour justifier sa position hétérodoxe, se croie obligé de reprendre tous les discours mensongers et anathématisés des gallicans, des jansénistes et des vieux catholiques.
Vous dites avoir été déçu par un prêtre sédévacantiste. Comme je ne connais pas son nom, je ne puis vous répondre. Mais cela n'a rien d'étonnant. Lorsqu'il n'y a plus d'autorité infaillible à laquelle se référer, comment voulez-vous que les choses fonctionnent bien? Actuellement il s'agit seulement de survivre tant bien que mal. C'est le sauve-qui-peut général. Encore faut-il survivre en confessant la foi et non en cherchant un arrangement adultère avec la Rome moderniste et en étant en communion au canon de la messe avec des destructeurs de la foi catholique.
Cher Ben, vous me dites que Benoît XVI est haï par le monde. Cela me paraît très excessif. Les gazettes sont à nouveau beaucoup plus favorables à son endroit. Et de toute façon des groupes comme Golias ou des personnalités comme Mgr Gaillot étaient déjà marginalisés sous Jean-Paul II. Que la gauche de l'église conciliaire soit déçue ne prouve rien. La gauche n'aime pas l'Opus Dei. Et pourtant l'Opus Dei est pour la liberté religieuse. Ratzinger s'inscrit tout à fait dans le schéma de Vatican II et ne pas le voir, c'est vraiment prendre ses désirs pour des réalités. Dans un système révolutionnaire, il y a toujours une droite et une gauche. Les deux sont également mauvais et à rejeter totalement.
Florilège me pose la question de la possibilité d'un nouveau pape. C'est une question complexe à laquelle je répondrais longuement dans le cadre des quarante-huit heures. Tout le monde n'est pas d'ailleurs d'accord sur la réponse à donner mais pour ma part je crois plutôt à une fin du monde assez proche (dans le siècle) sans bien sûr en faire une certitude. D'autres, majoritaires, croient davantage à une restauration soit par conversion partielle ou totale de la hirarchie conciliaire (thèse de Cassiciacum), soit par retour miraculeux d'Apôtres (Pierre et Paul pour les uns, Jean pour d'autres) ou de prophètes (Enoch et Elie). M'appuyant sur l'Evangile où Jésus se demande s'Il retrouvera la foi quand Il retournera sur terre, je crois davantage à un scénario de fin du monde dans les quelques décennies qui viennent. Mais je reconnais qu'il ne s'agit là que d'une hypothèse. Je confesse que ce n'est pas une vision très optimiste , cependant il me semble que les signes sont nombreux qui vont dans ce sens (destruction massive de l'environnement, apostasie générale, folie de la techno-science, vacance prolongée du Saint-Siège, éclipse de l'Eglise catholique depuis Vatican II, immoralité généralisée : avortements massifs, homosexualité militante, féminisme agressif, destruction des nations par le mondialisme...)
Personnellement, je me désole de voir que Tradiland n'a qu'une obsession : avoir sa messe tridentine enfin reconnue. Comme si l'église conciliaire était l'Eglise catholique. Et comme si la messe ainsi reconnue n'était pas mise au service de Vatican II et des modernistes. Ce qui nous perd, c'est le goût du confort, l'incapacité à embrasser et à tenir des positions radicales et apparemment désespérantes, j'en conviens. Mais que devaient penser les Apôtres le soir du Vendredi Saint? La position lefebvriste est une position de confort. Elle prétend être la vérité. Elle n'est qu'un poison qui donne la mort. Vous comprenez pourquoi, cher Baudelairec2000, je ne puisse avoir aucune indulgence pour des empoisonneurs et des fossoyeurs, même si je tâche de distinguer les victimes des coupables. Ce n'est pas la haine ou la hargne comme vous dites qui me fait écrire, c'est le dégoût et la nausée que m'inspirent les dirigeants actuels et passés de cette organisation de neutralisation de la réaction traditionaliste et d'étouffement de la vérité. D'ailleurs, ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi le pire ennemi de la FSSPX était le sédévacantisme honni, méprisé, vilipendé? Voilà qui devrait faire réfléchir, ne croyez-vous pas? Je me suis toujours méfié des gens qui diabolisaient leur droite. C'est éminemment suspect, surtout dans notre monde de tièdes et de larves.
En toute sympathie.
Petrus.