C'est Richard Ier Coeur de Lion le retour. Du grand Williamson dans Minute! Après le séisme du 17 octobre 2004 à Saint-Nicolas où, dans une homélie en forme de violent réquisitoire contre Mgr Fellay et son clan, le doyen des quatre évêques de la FSSPX ne s’était déjà pas fait que des amis au sein du mouvement fondé par Mgr Lefebvre, voici désormais la réplique, encore plus violente, encore plus judicieuse, dans Minute du 8 mars 2006. A moins de quatre mois d’un chapitre général qui s’annonce celui de tous les dangers (Mgr Fellay et ses proches seront-ils, comme ils l’espèrent, reconduits pour douze ans à la tête de la FSSPX ?), le supérieur du séminaire de La Reja en Argentine ne mâche pas ses mots contre l’actuelle direction de la Fraternité dans l’ « hebdomadaire politiquement incorrect » du tanoüarnien Jean-Marie Molitor, sans doute pas fâché de mettre en fureur un Mgr Fellay pour lequel il n’a à juste titre que peu d’estime.
Mgr Williamson qui s’affirme là clairement comme le principal opposant à Mgr Fellay et à l’abbé Schmidberger dénonce tout à la fois les méthodes et les objectifs de l’actuel supérieur général sans quasiment jamais citer son nom, ce qui fait encore plus mal. Il condamne les actuelles et interminables discussions avec ce qu’il appelle « la Rome conciliaire » et « les papes conciliaires » : « le dialogue lui-même, explique-t-il, n’est pas sans danger, car il suscite faux espoirs, controverses et déceptions s’il n’aboutit pas. Son ouverture même doit être mûrement réfléchie. Or, je sais que depuis la rupture des conversations entre la Rome conciliaire et la Fraternité en 2001, le cardinal Castrillon Hoyos voulait absolument renouer les contacts. La visite du supérieur général et du premier assistant de la Fraternité pour honorer le nouveau pape au mois d’août lui en a offert l’occasion… »
Cette dernière phrase est de la nitroglycérine : ni Mgr Fellay ni l’abbé Schmidberger ne sont nommément cités. On ne cite pas en effet les noms de ceux que l’on méprise ! D’ailleurs, le supérieur général de la FSSPX est implicitement accusé de « perdre le dogme de la foi » et d’entretenir « une grande confusion » du fait de ses contacts avec la Rome moderniste. L’équipe de Mgr Fellay est à la fois libérale et fanatique, molle sur les principes et impitoyable avec les personnes, et singulièrement avec les prêtres. C’est le sens évident de la citation par Richard Williamson du père Garrigou-Lagrange : "séparées l’une de l’autre miséricorde et fermeté doctrinale ne laissent plus que deux cadavres : le libéralisme humanitaire avec sa fausse sérénité [comprendre : celle de Mgr Fellay et de son sourire Colgate !] et le fanatisme avec son faux zèle [comprendre : la chasse aux prêtres non clonés, non totalement soumis aux caprices et tergiversations du supérieur général, la cessation brutale des négociations avec l’abbé Laguérie avec le communiqué sec comme un coup de trique de l’abbé Arnaud Sélégny et les ordures d’un certain site Internet] ».
D’ailleurs, la FSSPX est aux mains d’un clan, d’une secte où Mgr Williamson, bien qu’évêque, n’est nullement informé des négociations en cours : « J’ai suivi les événements avec attention au travers des médias, comme tout le monde. [le « comme tout le monde » est essentiel !]. De plus, quelques jours après la rencontre de Mgr Fellay et le cardinal Castrillon Hoyos (…), j’ai reçu de Mgr Fellay un rapport sur cette rencontre qui a duré plus de cinq heures. Je dois avouer que la lecture de ce rapport a été pour moi plutôt décevante. » Admirez l’euphémisme !
Est à nouveau épinglée, comme dans l’homélie en forme de bombe du 17 octobre 2004, une certaine forme de surnaturalisme inhumain (il ne suffit pas d'avoir l'apparence extérieure de la sainteté avait expliqué Mgr Williamson!) : la gestion des séminaires est clairement mise en cause : « les séminaires doivent ressembler plus à une famille qu’à une caserne ». L’attitude des supérieurs vis-à-vis des prêtres n’est pas charitable et des départs auraient pu et dû être évités : « Nous autres supérieurs devons veiller à maintenir un contact paternel avec nos prêtres et nous demander si nous n’aurions pas pu éviter certains départs ».
La direction de la FSSPX, inhumaine avec ses prêtres, ne défend pas convenablement la foi et les principes, n’a pas de zèle apostolique : « nous pouvons nous interroger : avons-nous toujours le zèle missionnaire de notre fondateur ? Son ardeur et sa fermeté à défendre la foi ? » Poser ainsi la question, c’est y répondre.
Considérant que la Fraternité est « à la croisée des chemins », Mgr Williamson ne veut à aucun prix d’un Mgr Fellay et de ses hommes jusqu’en juillet 2018. La preuve, l’évêque britannique attend du nouveau supérieur général qu’il soit « fort dans la foi, et ensuite humain, surtout avec ses prêtres » Une dénonciation en creux de Bernard Fellay et de sa bande ! D’ailleurs, il faudra à ce nouveau supérieur général « jugement, prudence et capacité d’adaptation pour discerner et sauvegarder l’essentiel. C’était là une des grandes qualités de Mgr Lefebvre lui-même » Admirez l’imparfait (« c’était »), temps qui, selon les grammairiens, indique un passé révolu. Au reste, toutes les références à Mgr Lefebvre dans cet article en forme de dynamite ne sont là que pour opposer le fondateur de la FSSPX à l’actuel supérieur général. Mgr Willimason évoque aussi au passé « la force et l’unité de la FSSPX » : « telles qu’on les a connues » dit-il de manière explicite. Et le doyen des quatre évêques de la Fraternité d'ajouter : "le supérieur n'a pas besoin d'être un saint.", façon là aussi de se moquer des déclarations des suresnites et des menzingeniens selon lesquels il ne faut former que des saints. Comme s'il n'y avait pas des haines torrides entre clercs au sein de cette si peu fraternelle FSSPX !
Enfin, Mgr Williamson menace : « Les fidèles ont pour la Fraternité une grande estime et afffection, mais les meilleurs d’entre eux cesseraient de la suivre si elle se compromettait avec ces Romains qui ont perdu le dogme de la foi ».
Bref, un véritable réquisitoire contre douze ans de supériorat général de Mgr Fellay et même au-delà puisque l’abbé Schmidberger est également visé, Mgr Williamson évoquant un changement au sein de la FSSPX depuis 1991, année de la mort de Mgr Lefebvre, époque où l’abbé Scmidberger dirigeait la FSSPX, et ce jusqu'en 1994.En fait, il la dirige toujours en tandem avec Mgr Fellay.
On l’a compris : Mgr Williamson ne votera pas et ne fera pas voter pour Mgr Fellay et ses hommes au chapitre général de juillet 2006. Il risque d’y avoir du sport en perspective. Bref un régal !
Petrus.